Mardi 29 Mars

Midi : J'ai obligé l'esclavette à me porter sur son dos, jusqu'à la cafétéria. Je savais que j'étais trop lourd pour elle, mais c'était tellement drôle de voir sa tête et d'essayer... Je sais... Je suis abjecte !

22h : Sonia m'attendait à la sortie ! Génial, non ? On a été squatter les gradins du stade. Pourquoi je lui ai sorti : « Je trace hilare à dos de chameau véloce » au lieu d'un simple « Salut ». Qu'est ce qu'il m'a prit ? En même temps, ca la fait rire, alors... Total, on s'en fiche. Sonia a posé sa tête sur mes genoux, et j'ai pas pu m'empêcher de lui chanter une chanson, celle qui s'appelle Romantique, d'Elvis. J'espère que j'ai pas chanté trop faux.

Mercredi 30 Mars

8h : J'ai voulut essayer une nouvelle technique pour dormir. A la manière chinoise. En gros, j'en ai marre de passer trois quart d'heure à me coiffer tous les matins. Enfin... C'est du temps en moins dans le pieu quoi... En plus, j'ai dut me laver les cheveux la veille. En fait, tu mets ton coussin juste dans la nuque avec la tête bien en arrière, ce qui garde les cheveux en pôle position pour me les coiffer le lendemain... Mais à croire que mes habitudes occidentales sont revenus, car quand je me suis réveillé, j'étais en boule dans mon lit. Et mes cheveux... Pas de commentaires... Je vais être en retard ce matin...

9h : Boulette ! J'ai pas cours aujourd'hui... A croire maintenant, que l'école me passionne. Mon père m'a fait une réflexion sur le fait de m'être levé si tôt. C'est ca qui m'a mit la puce à l'oreille. J'ai éviter de leur dire que j'avais oublié qu'on était Mercredi. Pour éviter de me taper la honte. J'ai enchainé direct sur ma mère, qui errait plongée dans son coma matinal habituel. En jupe et soutif. Non, mais je vous demande un peu.
« Maman, s'il te plait, j'essaye de manger. »
Je n'avais pas fini ma phrase que papa s'est approché d'elle pour... Enfin... Je crois qu'il le faisait exprès. J'ai fait la grimace et j'ai filé à la salle de bains me livrer à quelques vérifications concernant l'arrière de mon crâne et mon profil. Tout cela rendu possible grâce à l'armoire à pharmacie et ses deux portes en miroir qu'on peut orienter à sa guise selon la zone à contrôler. Non content de mes premiers tests, je me suis collé le miroir grossissant de ma mère sous le pif pour découvrir le panorama dont Sonia pourrait profiter si, disons, je lui chantait une chanson et qu'elle ait sa tête sur mes genoux. (ce qui fut le cas la veille) Bref, je voulais savoir à quoi je ressemblais vue d'en bas.
J'aurais mieux fait de ne pas. Pour deux raisons.
Primo, j'ai pu constater que mon nez était proprement DEMESURE. A tous les coups, il a poussé pendant la nuit. Sans blague.
Deuzio, la réponse est oui. On a une vue splendide sur ma pustule intra-pif si on me regarde par en dessous.

14h : J'ai été rejoindre Libby au parc. J'ai décidé de la faire un peu froid, style bourré de maturosité. Esclavette m'a accueillie avec un :
« Je t'ai gardé un roulé à la confiture rien que pour toi. »
Réplique cinglante de Mutt :
« Tu n'espères quand même pas m'acheter avec du roulé à la confiture après avoir été dégueu avec moi. »
Si, elle peut. J'avais pratiquement fini le roulé avant même qu'on se mette en route.
« Une question, Libby. Est-ce que tu trouves mon nez plus grand qu'hier ?
- Ne sois pas ridicule, Mutt. Le nez ca pousse pas.
- Excuse-moi, jusqu'à preuve du contraire, tout pousse. Les cheveux, les jambes, les bras... Tu peux me dire pourquoi le nez serait épargné par cette expansion ? »
Miss Frangette s'en fichait totalement.
« Au fait, grande... Est-ce que tu as vu que j'avais une pustule intra-pif dans la narine gauche ?
- Non.
- Mais une supposition que tu me regarderais l'intérieur du pif par en dessous. »
La pauvre fille ne voyait pas du tout où je voulais en venir. Il faut dire que Libby a l'imagination d'un petit pois. Rachitique. J'ai repris ma démonstration :
« Une supposition que je sois en train de chanter. Et que tu sois Sonia avec la tête sur mes genoux et que tu sois en train de me regarder avec adoration,émerveillée par mon énorme talent. Attendant le moment idéal pour te jeter sur moi. »
Elle ne voyait toujours pas. Total, je me suis assis sur un banc et je l'ai forcé à poser sa tête sur mes genoux.
« Alors... Qu'est-ce t'en penses ?
- Ben, je t'entends pas chanter.
- Normal, je chante pas.
- Ben t'as dit : Une supposition que je sois en train de chanter. »
Je vais la piler ! Je vais la piler ! Je me suis donc fendu d'une chanson pour faire plaisir à Miss Frangette. Le seul air qui m'est venu instinctivement à l'esprit est My Way de Franck Sinatra. Trop dommage comme choix. My Way me rappelait d'immondes souvenirs. Papa qui chante sous la douche... Il l'a tellement chanté en ce moment que... c'est celle là qui est venue tout de suite...
Pour en revenir à nos dindons, j'étais donc en train d'interpréter My Way et Libby d'inspecter l'intérieur de mon pif en constante expansion. Une sorte de surveillance intra-narinaire, si vous voyez ce que je veux dire.
« Alors tu la vois ma pustulette ou pas ? »
Et pile au moment où je posais la question fatidique, on entend abasourdis quelqu'un piquer un fou rire de l'enfer juste derrière nous. Le bond qu'on a fait, je ne vous raconte pas. A vrai dire, l'aspect bondissant de la chose n'a concerné que moi. Libby, elle, s'est gravement écrasé au sol. Le fou rire, c'était Dan qui se faisait littéralement pipi dessus.
Moi :
« Heu... Je... »
Libby :
« Je faisais juste que regarder l'intérieur de... du nez de Mutt... »
Dan :
« Mais oui bien sûr. N'ajoute surtout rien, ca gâcherait tout. »
Libby et moi, on était rouge comme des tomates. Après ca, Dan est reparti en se bidonnant. J'espère que cette histoire ne fera pas le tour du campus. Pour notre intérêt à Libby mais aussi à moi.