"Ouais, j'ai eu vent de tes exploits de rangement... Tu comptes aller loin avec ça?" lui dit-il en désignant l'éponge.

Il alla chercher une serpillère, remplit un seau d'eau chaude et se mit en quête de n'importe quoi qui puisse tenir la serpillère pour qu'il évite de trop se baisser. Ce n'était pas que son dos était douloureux, mais presque. Ça dépendait des moments, et surtout de la motivation. Et, ranger une cuisine, franchement... Y avait mieux comme motivation.

Il opta pour la batte de baseball. Il enroula sommairement la serpillière autour de la pointe, vérifiant avant ça le cirage du bois pour éviter de l'abîmer. Parfait.

"Ramasse les gros trucs, comme les emballages et les coquilles d'œuf." Dit-il en mélangeant autant de savon que nécessaire dans le seau, prenant le commandement de la situation.

Il posa le bout de la batte sur le sol, et la serpillière s'y écrasa dans un "sploch", avant de faire de grands mouvements vigoureux d'avant en arrière comme il l'aurait fait avec un balai... à ceci près que la surface couverte par la serpillière s'en trouvait grandement réduite.

"Vous feriez mieux de rester hors de la cuisine..." Dit-il à l'intention de son père.

Très vite, la véritable couleur du carrelage refit surface et il s'accorda quelques secondes de pause pour voir où en était le gamin.

Bon, c'est vrai qu'avec une petite éponge, il n'ira pas bien loin. Son père donna alors les directives alors qu'il allait chercher une serpillière. Ramasser les déchets et les mettre à la poubelle. Pas compliqué ! Il alla chercher un sac poubelle, l'ouvrit et commença à ramasser les déchets... mais n'oublions pas que nous avons faire à Mutt... Sa concentration est très limité, surtout quand il s'agit de rangement ou d'autres choses peu attrayantes à faire. Il attrapa la briquette de lait qu'il avait jeté en "début de match" et sourit... Il appuya dessus pour la compresser et la mettre à la poubelle.

Première chose : il restait du lait dedans... Et dans la position dont Mutt tenait l'objet, le tout lui fut expulsé en pleine figure. Bon vu son état de base, un peu de lait en plus ou en moins, ce n'était pas bien grave. Il fut simplement surpris sur le coup. Il attrapa un torchon et s'essuya le visage rapidement. Il se tourna vers son père et lui dit dans un léger sourire :

" On ne rigole pas. "

Il se concentra de nouveau sur sa tâche... Enfin presque. Il gardait son paquet de lait dans la main, et attrapa deux morceaux de coquilles d'œuf, plia la briquette en deux, ce qui donna une sorte de bouche que le garçon pouvait fermer comme il voulait en ouvrant et fermant la main. Il attrapa les deux coquilles et les collèrent comme pour faire des yeux. Mutt regarda alors son chef d'œuvre. Il commença à ouvrir et fermer plusieurs fois la bouche et dans une voix assez comique commença à faire parler sa marionnette improvisé.

" Bonjour Madame Wilson ! "

Il attrapa une coquille d'oeuf sur laquelle il avait fait deux trous pour faire les yeux, il l'enfila sur son doigt de son autre main. Attrapa de nouveau la briquette et reprit son Show. Maintenant, il distinguait bien deux voix différentes.

" Bonjour Monsieur Spencer ! Comment allez vous ? ... ... Ca va bien écoutez... ... Moi aussi... .... "

Et il partit dans un petit Show perso en partant sur quelques petites chansons de Kermit sans se soucier de son père qui devait être en train de l'observer. Je ne vous parle pas de certains de ses bruitages ! Mutt ne remarquait même pas l'idiotie de la scène... Vous vous étonnez qu'il n'arrive jamais à ranger ses affaires. Le garçon est tellement disparate, qu'il n'arrive pas à se concentrer sur certaines tâches plus de deux secondes, avant de s'écarter de son but et trouver une occupation plus intéressante. Et là ! Une briquettes, quelques morceaux de coquilles d'œufs et c'est parti !

" On ne rigole pas. "

Indy pouffa de rire silencieusement puis se reconcentra sur sa tâche.
Le carrelage fut comme neuf en quelques minutes. Et lorsqu'il leva la tête pour voir le reste de la cuisine, il remarqua que son fils jouait avec la brique vide. Il resta interdit un moment et secoua la tête d'un air désespéré lorsqu'il l'entendit imiter kermit la grenouille.

Il resta immobile, attendant le moment où son fils finirait par le remarquer, mais il n'en fit rien et continua son petit spectacle personnel. Indy leva les yeux au ciel avant d'aller poser son balai improvisé.

"Ca va, j'te dérange pas?" Sourit-il en saisissant l'éponge et s'attaquant à la porte de placard qui lui avait servi de bouclier.

" A song from Kermit, to wish you well
To say I hope you're feeling absolutely swell
A song from Kermit, to send you cheer...

Palalalalan ! THEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEENNNNNN !!!!

It's not that easy being green;
Having to spend each day the color of the leaves.
When I think it could be nicer being red, or yellow or gold...
or something much more colorful like that... "

Le garçon était à fond dans sa prestation... quand une voix le fit sortir de son délire perso.

"Ca va, j'te dérange pas?"

* Qu'est ce que le point... * Il se stoppa dans ce qu'il faisait. Se rendant enfin compte de l'énormité de la scène et dont il était devenu la vedette. Il tourna doucement les yeux vers son père et il vit son sourire amusé. Mutt n'osa plus bouger. Sa briquette de lait dans un main et sa coquille d'œuf sur un doigt. Il se râcla la gorge. Du rouge lui monta au joue ? Non... Enfin peut être un peu... Il attrapa le sac poubelle et jeta le reste dedans. Il se frotta les mains. Il regarda vers la sortie de la cuisine... En fait le ménage... Il détestait vraiment ca... Il se dirigea vers la sortie, ne put s'empêcher de faire une révérence assez théâtrale avec des brefs "Merci... merci... ", tourna le dos à son père tout en lançant un " Toilettes..." tout en se dirigeant vers la porte de sortie de la maison...

Indy s'arrêta et s'accouda au dessus de la porte fraichement nettoyée. Il considéra son fils immobile un moment et remarqua la légère couleur de ses joues. Il sourit.

Il le vit regarder vers la porte et ses pensées suivirent les siennes. Il n'allait quand même pas oser...

" Toilettes..."

Il le suivit des yeux jusqu'à l'extérieur de la cuisine, et juste avant qu'il ne sorte de son champ de vision, il l'interpella.

"Hep, junior, tu vas où comme ça?" Dit-il d'un air rieur. "Les toilettes sont par là. Je pense pas que ta mère apprécierai que t'ailles te soulager dans son jardin. A moins que t'avais pas l'intention d'aller aux toilettes, mais bel et bien de laisser ton pauvre vieux père faire tout le travail tout seul malgré ses rhumatismes et son mal de dos atroce... Mais j'espère bien que non."

Il s'approcha de lui et lui mit l'éponge dans la main.

"Il reste de la mayonnaise sur la porte du frigo." Dit-il simplement avant d'aller chercher un torchon pour sécher la porte de placard humide et pleine de savon.

Mutt pensait s'en sortir quand son père l'interpella. Et zut... Mutt fut contraint et obligé de s'arrêter. Il se tourna vers son père dans un regard innocent de chien battu. (comme il savait si bien le faire) Il ne put s'empêcher de répondre :

" Et si j'ai envie d'aller pisser dans le jardin ? j'pas l'droit ? Parrait que... Bon, ok... J'me suis fait pister... "

Il accepta à contre coeur l'éponge. (en même temps il n'avait pas le choix, son père la lui fourra dans ses mains avant qu'il ne puisse comprendre) Il souffla longuement dans sa technique spéciale et traina les pieds jusqu'au réfrigérateur. Un instant, il regarda les tâches sur le frigo et en pencha la tête. Il s'exclama alors d'un seul coup :

" Trop foooort, de ce sens, avec le mélange de la tâche de mayonnaise et de la tâche de tomate, on dirait un éléph... "

Il se tourna vers son père. Ca y est, il repartait dans un de ces délires. Il se râcla la gorge.

" On dirait... une porte de frigo sale... en fait... "

Il tourna de nouveau son regard vers le réfrigérateur et tout en écrasant son éponge mollement sur la porte, il dit :

" Adieu l'éléphant ! "

Il commença à frotter toutes les tâches. Quand il n'y en resta plus une. Il lança d'un geste précis et efficace, l'éponge qui vint s'écraser pile au milieu de l'évier.

" C'est fait ! "

Bien que peut être il restait des choses à faire. Mutt n'allait pas prendre d'initiatives. Bien sûr que non... Enfin, c'est pas comme si, il le faisait exprès. C'est juste qu'il n'arrive pas à voir où se trouve le travail à faire. C'est à dire ce qui est à nettoyer. En même temps, il ne sait pas faire la différence entre propre et sale, comme dirait sa mère. Il mit donc ses mains dans ses poches, et posa son regard sur son père en train de nettoyer d'un air absent.

" Trop foooort, de ce sens, avec le mélange de la tâche de mayonnaise et de la tâche de tomate, on dirait un éléph... "

Indy poussa un petit soupir, feignant le désespoir.

" On dirait... une porte de frigo sale... en fait... "

Il lui adressa un sourire avant de jeter nonchalamment le torchon sur son épaule pour attraper une autre éponge. Il la passa sous l'eau avant de s'attaquer au plan de travail recouvert d'une belle épaisseur de farine.

" Adieu l'éléphant ! "

Il ne put retenir un petit rire. Puis il tourna la tête vers son fils et eut juste le temps de voir l'éponge tomber pile dans l'évier. Il leva les sourcils d'un air impressionné.

"Bah tu vois que t'y arrives." Dit-il en essuyant son front encore suintant de lait et de jus de tomate du revers de sa main bandée.

" C'est fait ! "

"Tant que t'y es, pourquoi ne pas donner un coup de chiffon aux fenêtres? Quoique l'effet 'vitre fumée blanche' est assez intéressant... Et évite de perdre ton temps à dessiner dessus." Il sourit. Évidemment, il se doutait que son fils ne pourrait pas s'en empêcher. En l'espace de quelques heures, il avait apprit à mieux le connaître qu'il ne l'avait fait en ces quelques semaines depuis son retour. Et pourtant, il lui semblait que jamais il ne serait assez présent pour rattraper 20 années d'absence...

Il baissa les yeux, encore perdu dans ses pensées, avant de secouer la tête et de se reconcentrer sur l'astiquage du plan de travail sale. Et, vraiment, il allait avoir du boulot.

"Bah tu vois que t'y arrives."

Mutt haussa les épaules tout en lançant un "Ouais bof... c'plus facile là..." Son père lui proposa de nettoyer les vitres devenus opaques et blanche à cause de la farine. Mutt se tourna vers la vitre et acquiesça silencieusement. Il ajouta un dernier truc qui le fit sourire. Était-il si prévisible que ca ? Il retira les mains de ses poches et attrapa un chiffon. Bon y'avait les vitres au dessus de l'évier. Il attrapa une chaise et l'amena devant celui-ci. [HJ : Qui dit que ca sent le pétage de gueule ? xD] Il grimpa et posa un genou sur le bord de l'évier. Bien sûr, juste pour le fun. Il dessina un bonhomme rapidement en se tournant vers son père en lui disant :

" Je sais que tu aimes avoir raison. Alors je te présente mon chef d'œuvre ! C'est Fred ! "

Et il éclata de rire, et perdit du coup l'équilibre. Il fit quelques moulinet avec le bras qui était en suspension alors que l'autre, essayait de s'agripper au rebord de fenêtre dans des "Wow Wow !". Il réussit à rétablir son équilibre tant bien que mal. Il eut un sourire figé alors et ajouta :

" Youhou ! Un peu plus et je passais à travers la fenêtre. "

Il se tourna vers la fenêtre et effaça "Fred" tout en finissant de retirer toute la farine bien proprement. Le problème est qu'il voulait passer à la fenêtre suivante, qui se trouvait au dessus du plan de travail. Problème est : Son père est en train de nettoyer le plan de travail. Bon... Pas grave. Il cala son genou, vérifia sa stabilité et tendit un bras au dessus de son père dans une position assez... tendue. Il commença à frotter alors. Bon, il n'arrivait pas jusqu'au bout. Il se pencha un peu plus sur le côté. Ha zut... Encore un peu... Le garçon était en train de tendre son bras à l'extrême. Et ce qui devait arriver, arriva. Il tomba sur le côté, emportant son père au passage. Il roula légèrement sur le plan de travail savonné et atterrit directement dans "les bras" d'Indy, l'entrainant dans une chute. Heureusement, le plan de travail avait amorti tout ca.

Il fallut une seconde pour Mutt, pour se remettre les idées en place. Puis il se rendit compte qu'il était à moitié affalé sur son père dans une position pas très confortable et vu la position, il devait légèrement être en train de l'empêcher de respirer. * Quoi que je ne fais pas une tonne non plus... >_< * Il se releva en s'appuyant inconsciemment sur certaines parties sensibles et qui peuvent être douloureuses, il commença alors à s'inquiéter :

" Papa ! Ca va ? J'suis vraiment désolé... J'pas fait exprès ! ... Enfin si j'l'avais fait exprès ca serait... grave... Enfin c'est évident que je ne l'ai pas fait exprès... Je n'ai vraiment rien contre toi... Enfin des fois si, mais cette fois non... Enfin, je n'oserais pas faire ca, en le faisant exprès... Enfin te faire du mal comme ca... Pour les contrôles, c'est autre chose, c'est pas... Enfin... Non mais, c'est pas ce que je voulais dire... Enfin... J'ai essayé d'atteindre la vitre et... j'ai perdu l'équilibre et... Bang... Enfin j't'ai pas fait mal ? J't'ai pas fait mal ? Tu me le dis si t'as mal ! Parce que... je sais pas quoi faire ? Appeler les urgences... mais non... Ca va ton dos ? Tu me dis. Parce qu'avec le dos faut pas rigoler... C'est un truc à rester paralysé... Alors je crois qu'il faut que tu respires comme ca... Fuuu... Fuuu... Fuuu... Fuuu... "

En gros, il venait de débiter un nombre impressionnant de mot et d'expressions à moitié mâché les uns sur les autres, dans un air complètement paniqué. Il se mit à respirer alors comme à la place de son père, comme si c'était lui, qui venait de se prendre un gosse d'à peu près 70 kg sur lui.

" Respirer... Fuuu... Respirer... Fuuuu... Ho p*tain, j'me sens pas bien non plus. Fuuu... T'es sûr que ca va ? Hein ? Sinon faut me le dire ! Tu me le dis hein ? ... "

Il faudrait déjà que l'homme puisse en placer une avec le débit que Mutt avait... A force de parler, et de respirer fort. D'ailleurs, il eut un trop pleins d'oxygène dans les poumons, ce qui provoquait à l'instant un petit tournis à Mutt...

" J'me sens pas bien là. Fuuuu... Ho la vache... Ha non pas ca... "

Il commença à avoir la vague impression que les murs de la cuisine bougeait, ce qui lui donna des nausées.

" Ha non ! Ha non, c'est pas le moment ! Pas le moment ! Ca va, j'ai de l'air je peux respirer. J'ai de l'air je peux respirer. Fuuuu... Fuuuu... C'est pas parce que les murs bougent que... Fuuuu... Fuuuu... voila... Fuuuu... "

Il eut une furieuse envie de courir dans le jardin, mais ne pouvait pas laisser son père là. Après tout, c'était lui qui venait de lui tomber dessus.

" Pas de crise... Fuuuu.... La cuisine est grande, trèèèès grande... J'ai de la place... J'ai de l'oxygène... "

Il tourna de l'œil et tomba direct dans les pommes dans un dernier "fuuu... ", dans un bruit mat.

" Je sais que tu aimes avoir raison. Alors je te présente mon chef d'œuvre ! C'est Fred ! "

"Incontestablement un chef d'œuvre, qui n'est pas sans rappeler les représentations rupestres du néolithique méditerranéen." Dit-il en souriant face à la tête rondelette du bonhomme. A y regarder de plus près, c'était vrai que la forme de la bouche rappellait un peu... *Non, rien. C'est un bonhomme sur une vitre pleine de farine, pas une peinture sur le mur d'une caverne.* (tel père tel fils comme on dit xD)

Quand il le vit faire ses acrobaties, il se redressa en se demandant s'il allait ou non passer par la fenêtre. Heureusement, l'acrobate réussit à rétablir son équilibre.

Alors qu'il se reconcentrait sur l'astiquage du plan de travail, il ne le vit pas lui tomber dessus.

Il toucha le sol dans un "thumb" mât, ne réalisant qu'après coup que son fils lui coupait la respiration. Il suffoqua quelques secondes avant que ce dernier ne réussisse à se lever, prenant appui sur un endroit où il n'était pas sensé le faire. Indy poussa un grognement étouffé face à la douleur, il resta plié en deux quelques instants, et ne put s'empêcher de faire l'analogie entre le discours de son fils et celui de son père. Plus précisément la façon qu'ils avaient de débiter des centaines de mots sans discontinuer, et surtout sans lui laisser le loisir d'en placer une. Quand il pensa qu'il avait fini, il leva la main pour lui signifier qu'il allait bien, puis il se redressa, prenant appui avec précaution sur le plan de travail glissant.

Il leva le doigt pour prendre la parole, mais apparemment Mutt n'était pas de cet avis et reprit la parole, lui montrant comment respirer.

"Ça va, fiston... Écoute... Ça va... Je vais bien..."

" J'me sens pas bien là. Fuuuu... Ho la vache... Ha non pas ca... "

"Oh, fiston ! Respire doucement, ça va !"

Il montait le ton au fur et à mesure que son fils parlait pour qu'il l'entende.

" Pas de crise... Fuuuu.... La cuisine est grande, trèèèès grande... J'ai de la place... J'ai de l'oxygène... "

"FILS ! Ecoute-moi, je vais b..." Mais il n'eut pas le temps de finir sa phrase que son fils était déjà tombé dans les pommes.

Il le regarda s'effondrer, incrédule.

Quelques secondes passèrent, puis Indy s'accroupit doucement près de son fils inerte. Il lui mit une petite tape sur la joue.

"Franchement, des fois, je me demande si tu traines pas trop avec ton grand père..." dit-il tout bas, plus pour lui-même qu'à l'adresse de son fils.

Il remplit un verre d'eau et en vida son contenu sur la tête de Mutt, avant de le reposer sur le plan de travail et de se remettre accroupi près de lui. A y repenser, toute cette scène avait un aspect irréel. Ainsi, le côté "gaffeur" de Mutt n'avait aucunement été exagéré par Marion. Il pensait qu'elle amplifiait certaines choses, mais il avait eu la preuve irréfutable que ça n'était pas le cas. Incroyable, même, de voir à quel point ce gosse lui ressemblait à l'époque où il avait son age.

"Hey, c'est pas moi qui suis sensé paniquer pour toi dans ce genre de situations? Je suis pas en verre, fiston. J'en ai vu bien plus qu'une simple petite chute dans la cuisine... Même si la réception était pas très confortable." Dit-il en massant son dos de sa main gauche.

Il lui ébouriffa les cheveux pleins de farine mêlée à l'eau du verre avant de se redresser et de lui tendre la main.

"Je pense que je vais superviser le ménage. Pourquoi t'irais pas tenir compagnie à ton grand père dans le salon? Il a parlé de donuts je crois."

Quand Mutt reçut le verre d'eau sur la tête, sa première réaction fut de se relever d'un seul coup, comme s'il venait de se prendre un coup sur la tête. Il hurla alors simplement :

" ON COULE. LES FEMMES ET LES ENFANTS D'ABORD ! "

Il se figea, légèrement dans les vapes, puis se secoua la tête. Il cligna plusieurs fois des yeux, et se tourna vers son père, qui était accroupi près de lui. Il n'écouta qu'à moitié ce qu'il disait. C'est alors qu'il lui passa une main dans les cheveux pour les lui ébouriffer. Mutt grimaça. Il détestait ca. Il posa ensuite une main sur sa tête et remarqua l'état pitoyable de ses cheveux. Farine mélangée avec l'eau que son père lui avait versé sur la figure pour le réveiller. En gros, pas super... et il faudrait plus d'un coup de peigne pour remettre tout ca en place.

Son père lui proposa d'aller voir son grand père alors qu'il finissait de nettoyer la cuisine. Mutt respira longuement. Il leva les yeux vers le plafond, observa si les murs ne bougeaient plus. Ca allait mieux. Il souffla longuement et attrapa la main de son père pour se relever. Il vacilla légèrement. Bon, malaise passé ou presque... Il restait légèrement blanc. Il dit alors à son père :

" Je reviens... "

Il sortit de la cuisine jusqu'aux toilettes, régurgita ce qu'il restait de son déjeuner, et revint dans la cuisine et se dirigea vers l'évier pour se rincer la bouche, puis passa directement sa tête sous le robinet. Il se choppa une serviette pour se frotter la tête. Bon, faire ca, avait pour but de rendre forme normale à ses cheveux. Il soupira de nouveau et s'appuya contre le plan de travail. Il jeta un oeil à la fenêtre. Il commençait à pleuvoir. Tant pis... Il avait besoin de prendre l'air. Il se redressa et dit à son père :

" Je vais dans le jardin. Ne t'inquiètes pas, je n'ai pas décidé de te faire faux bond. J'ai juste besoin de prendre l'air. "

Avant de sortir, il hésita à passer la porte d'entrée. * Et si Abner m'attendait dans le jardin ? * Il se secoua la tête à cette idée idiote et ouvrit la porte avant d'avancer sur le devant de la maison. Déjà, rien que là, il se sentait déjà drôlement mieux. Il se colla au mur juste à côté de la porte d'entrée et se laissa glisser sur le sol. Il regarda le ciel pluvieux et les premières gouttes qui commençaient à tomber. Il avait fait assez sec ces derniers temps, et le contact de la pluie avec le sol, faisait ressortir une odeur d'orage. Le garçon ferma les yeux et respira fort le parfum. Il aimait cette odeur... Ca lui rappelait les fois, où il faisait ces petites escapades nocturnes dans le jardin, alors qu'il ne pouvait plus rester enfermé dans sa chambre. Une nuit, il s'est mit à pleuvoir... Il était tombé malade pour le coup... Sa mère avait donc pisté qu'il était sortit la nuit sans son autorisation. Il se rappelle de la mine qu'elle avait à ce moment là. Il sourit alors à ce souvenir et respira profondément. Il finit par se relever et retourna à l'intérieur.

Il était légèrement mouillé. Il préféra retirer ses chaussures avant de commencer à tout salir. (oui oui j'vous jure! xD) Il alla dans le salon et vit son grand père assit dans le canapé. Mutt gardait une petite mine mais eut un large sourire. Il s'avança vers lui et s'assit à côté. Il lui demanda alors rapidement :

" Alors t'as piqué les Donut's d'Ox' ? Tu m'en passes un ? J'trop la dalle là. "

"Doucement, moussaillon..." sourit Indy en regardant son fils tanguer avant de retrouver son équilibre.

" Je reviens... "

Il le regarda partir en affichant une moue perplexe. Décidément, ce gamin était plein de surprises. Jamais Indy n'aurait pensé qu'il soit claustrophobe. Quoique cette phobie soit tout aussi honorable que son ophiophobie. Si tenté qu'une phobie puisse être honorable.

Il se remit au travail, astiquant comme jamais avec une patience et une méticulosité qu'il ne sortait que pour ses fouilles archéologiques. Ses pensées se bousculaient dans sa tête. Il se demanda s'il aurait le temps de corriger toutes ses copies pour le lendemain.

Mutt entra dans la cuisine à nouveau et se rinça la bouche sous le robinet. Indy appuya sa main contre une porte de placard où prônait une tomate écrasée, maintenue sur son support vertical par on-ne-sait quelle force étrange.

" Je vais dans le jardin. Ne t'inquiètes pas, je n'ai pas décidé de te faire faux bond. J'ai juste besoin de prendre l'air. "

"Pas de soucis." Dit-il en resserrant le bandage improvisé sur sa main.

Il le regarda sortir, puis se remit au travail. Levant la tête pour essuyer la goutte de lait qui coulait le long de sa tempe, il remarqua le mauvais temps dehors. Il poussa le grognement caractéristique du Indy des mauvais jours. Il pouvait entendre le bruit régulier des gouttes d'eau contre la vitre, et cela l'énervait. Il ouvrit doucement la fenêtre en entendant son fils rentrer. L'air était chargé d'électricité statique. Il y était devenu très sensible suite à plusieurs aventures dont il venait à douter de la réalité de certains passages.

*Sans doutes qu'un orage va éclater d'ici peu.*

En vadrouille, les orages n'avait guère d'ascendant sur lui, si ce n'est qu'ils l'empêchaient souvent de mener ses fouilles comme il l'entendait. Au contraire, ils avaient le don de l'apaiser. Combien d'éclairs avait-il observés, de la tempête surnaturelle en Égypte, en passant par le Pérou, ou bien l'Amazonie, l'Afrique du Sud, la France, l'Italie, et tellement d'autres pays. Il aimait regarder les éclairs s'abattre sur la terre, et le grondement sourd du tonnerre le laissait toujours rêveur quant à la puissance des forces de la nature. Mais étrangement, cet orage-là le rendait nerveux. L'impression qu'il éprouva à ce moment-là lui rappela son voyage dans une caverne sensée mener vers le centre de la Terre. Lorsqu'un gamin dont il avait oublié le nom avait placé des cristaux spéciaux dans un ordre spécial, la grotte entière était devenue un aimant gigantesque. Ce souvenir lui fila la chair de poule.

*Bah, tu te fais vieux, c'est tout...* se dit-il en refermant la fenêtre.

Il vida le saladier encore plein d'une substance impossible à identifier dans la poubelle avant de le mettre à tremper, puis il finit de nettoyer les portes de placard. Lorsque la cuisine sembla retrouver un état normal, il posa ses mains sur ses hanches et observa le résultat. Le carrelage étincelait presque et il aurait juré avoir vu son reflet dans le faux-marbre du plan de travail. Il eut un petit soupir satisfait avant de se rendre dans le salon.

Il allait s'asseoir sur le canapé en cuir lorsqu'il remarqua une belle tâche d'œuf mêlé à de la tomate et de la moutarde à l'arrière de son pantalon.

"Hum, je crois que je vais rester debout. Quelqu'un veut du thé ou du café? Maintenant que la cuisine est praticable, autant en profiter." Ajouta-t-il avec un clin d'œil complice à l'attention de son fils.

Ce matin, Marion avait décidée de suivre un des nombreux conseils de son époux, qui était: se faire des amies. Marion s'était toujours bien tirée en étant un peu asocial, mais elle finit par se dire que si un jour son fils venait à mettre le feu à la maison, elle apprécierait grandement que quelqu'un appelle des secours. C'est ainsi qu'elle commença sa petite quête à l'amitié. Tout commença par des petits gestes. Par exemple, elle se levait tous les matins aux aurores pour voler le courrier de ses voisins. Ainsi, elle pouvait allé chez eux pour le leur rendre en prétendant que le facteur s'était trompé de boîte. Au début, son plan marchait à merveille. Elle sût s'attirer la sympathie de presque tout le quartier. Evidemment, il restait quelques quinquagénaires bornés refusant même de lui adresser un regard, mais au fil du temps, elle sut se faire appréciée.
Un jour, Mme Egel vint sonner chez les Jones. Marion se précipita pour ouvrir. Il ne fallait surtout pas que son fils ouvre avant elle, ou elle allait devenir la femme la plus détestée de tout le quartier en moins de deux! Heureusement, ce jour là Mutt était à "l'école" ou ailleurs... elle savait pas vraiment. Enfin bref, Mme Egel était une femme d'une grande classe, toujours bien habillée, souriante et surtout, elle était la présidente du club de thé du quartier. Justement, elle venait pour l'inviter à ce fameux club. En un instant, tous ses espoirs s'envolèrent. Marion avait toujours eut horreur des personnes qui allaient de ce genres de club. C'était tous des gros snobs, imbiber de thé, désagréables et prétentieux, mais ce n'était pas le moment de se défiler. C'est ainsi qu'elle accepta de s'y rendre.
Le lendemain, l'heure fatidique vint à sonner. Marion dut se rendre à ce fameux club. Elle quitta la maison familial à contre coeur. Une fois arrivée devant la porte, elle hésita une fraction de seconde à faire demi-tour, mais à son grand malheur, la porte s'ouvrit laissant place à Mme Egel et à toutes ces autres femmes que Marion détestait tant.

-Mme Jones! Bienvenue parmi nous!

-Merci à vous de m'accepter parmi vous! Mais vous savez, vous pouvez m'appeler Marion.

Le suffixe de Mme lui donnait l'impression d'avoir 15 ans de plus. Marion entra dans la maison... ou devrait-elle dire, un palace. C'était la maison la plus kitsch qu'elle n'avait jamais vu! Toute la maison était blanche, un grand escalier menait au premier. Un feu brûlait dans la cheminée. Des grands tableaux ornaient les murs et dès qu'elles entraient dans une pièce, trois ou quatre femmes de ménages se précipitaient vers la sortie pour les laisser seules. Toutes ces petites choses avaient réellement de quoi énerver Marion. Elles finirent par arriver dans le salon. Elles prirent place dans des fauteuils et canapés. Quelques personnes se levaient pour aller chercher des choses à manger dans la cuisine. Dès que Marion se proposait, la réponse était toujours la même:

-Merci Marion, mais aujourd'hui tu es notre invitée. Reste assise et laisse nous faire le reste.

Ce qui en réalité voulait dire:"Reste ici pour que tu ne nous entendent pas te critiquer derrière ton dos."
Mais leur plan était raté d'avance. Marion les suivaient à chaque fois, le plus discrètement possible. C'est ainsi qu'elle entendit:

-Comment ose-t-elle venir ici ainsi vêtue?

Ou encore:

-Et en plus elle n'a rien emmener!

Marion en avait trop entendue. Elle décida donc de faire comme si elle avait amener quelque chose. Elle se mit donc à la recherche de quelque chose à emprunter. Son regard se posa sur une bouteille de Whisky. Elle prit la bouteille, la mit sous sa veste et retourna s'asseoir. Ainsi, quand tous les membres du club revinrent elle dit:

-Que je suis bête, je vous avais apporter cette bouteille, elle sortit la bouteille, et j'ai oubliée de vous en parler.

Mme Egel la regarda et dit:

-Alors, premièrement, cette bouteille m'appartient, deuxièmement, la moitié des membres qui se trouve ici essaie d'arrêter avec l'alcool, mais nous vous en somme très reconnaissante de le leur faire rappeler.

C'est ainsi que Marion se retrouva une nouvelle fois sur le porche de la maison de Mme Egel. Elle savait bien qu'elle n'allait plus jamais y retourner. Quelle importance? Si on peut même pas se faire de l'Irish Coffee dans un club de thé et en plus elle avait gagnée une bouteille de Whisky. Sincèrement, ça aurait put être pire.
Lorsqu'elle retourna à la maison, une chose étrange l'attendait... toute la petite famille était là et en plus, la maison était propre. Il y avait anguille sous roche...

-Bon, je vous écoute, que se passe-t-il?

Dès lors que sa femme fut entrée dans la pièce, Indy fit tout son possible pour camoufler la tâche immonde et démesurée sur son dos. Peine perdue, vu que les dégâts s'étendaient jusqu'au dessus des épaules et sur ses cuisses.

Il ouvrit la bouche pour se justifier, mais son fils fut le plus rapide. Durant toute la longue tirade, Indy sourit imperceptiblement, dans un sens fier de voir à quel point son fils était débrouillard même s'il restait encore des progrès à faire au niveau de la plausibilité des excuses. Remarque, c'était bien Indy qui avait passé sa remise de diplôme sans pantalon et avait fourni l'excuse peu probable qu'une meute de chiens errants l'avaient attaqué sur le chemin du lycée.

Lorsque le gamin en eût terminé et qu'il attendait visiblement un appui de la part du parti patriarcal, Indy joint ses mains et hocha positivement la tête.

"Apparemment un problème de différence de pression à l'intérieur et à l'extérieur du frigo. Une explosion de mayonnaise, de f... *mince, la farine ça se met pas dans le frigo, ça tient pas debout* de f... de... d'œufs, tout ça... Et puis l'étagère où j'avais posé le panier de fruits et les tomates s'est effondré, aussi. Je l'ai retapé, en me disant que ça te ferait plaisir."

Le petit silence qui suivit lui donna l'impression qu'une pancarte de 10m sur 15 clignotait au dessus de son fils et lui en affichant le mot "MENTEURS".

Il se racla la gorge, tourna la tête derrière lui comme pour s'assurer qu'il n'y avait pas ce genre de panneau dans le coin et adressa un beau sourire comme il sait si bien les faire à sa femme.

"Comment s'est passée ta journée? Tu arrives à t'intégrer à la communauté du voisinage?" Demanda-t-il en croisant ses bras maculés d'une substance visqueuse et mystérieuse.

C'était assez étrange mais véridique. Marion avait comme une sorte de don. Elle savait, ne serais-ce même avant de franchir le seuil de leur maison, que quelque chose d'anormal venait de se produire. De toute façon, avec un tel fils, qu'elle mère pouvait penser sincèrement retrouver leur maison intacte dès leur retour? Marion, elle, s'était faite à cette idée depuis longtemps. Certaines personnes appelle ça, des prémonitions. Elle, elle appelait simplement ça, l'intuition maternelle ou encore, l'habitude.
Les premières impressions sont souvent trompeuses. Souvent, mais pas toujours. Marion savait très bien, dès sa première impressions que le courant n'allait pas passer entre elle et ses voisines. Mais il y a d'autres circonstances où elle peut être trompeuse. Comme maintenant par exemple. Une fois que Marion eut franchis le seuil de leur maison, tout paraissait absolument parfait. Peut-être même mieux rangé qu'à son départ. C'est alors qu'elle entendit son fils parler de la bouteille qu'elle avait emprunter sans avoir l'intention de la rendre... on ne peut pas appeler ça du vol non? Elle se tourna alors vers lui et dit.

-Ne compte même pas là-dessus. Tu ne toucheras pas à une seule goutte de cette bouteille, ni même à une seule goutte d'alcool tant que tu seras sous ce toit.

Fallait-il vraiment rappeler la fois où il était rentrer d'une fête totalement ivre?
Marion posa donc la bouteille sur une petite table et commença son inspection. Dès qu'elle était devant un meuble, PAF elle y passait le doigt... pas une trace de poussière... c'était louche... C'est ainsi qu'elle demanda à savoir se qu'il se passait. Son fils commença donc une excuse interminable et surtout dénoué de sens. Son mari essaya de remonter le niveau en inventant lui-aussi une excuse, mais Marion n'était pas dupe. D'accord se n'était pas la femme la plus maniaque au monde, mais tout de même, il fallait être fort pour ne pas remarquer la visqueuse tâche sur le dos de son mari.

-Et ça qu'est-ce que c'est?

Demanda-t-elle en pointant la-dite tâche.