Indy sourit le long du trajet. Ça lui rappelait leur folle course-poursuite avec le KGB, sauf que cette fois il n'eurent pas besoin de passer par la bibliothèque et Indy ne fut pas trimballé d'une voiture à la moto, et inversement proportionnel... *Bref, c'est vrai que c'est plus agréable comme ça.*

Arrivé à destination, Indy remarqua également que le temps se couvrait. Pas de baseball dans le jardin, alors...

" Maman ? "

Un moment, l'archéologue se tendit. Il serra les dents, prêt à subir le courroux terrible de sa femme si ils devaient s'expliquer.

" Je crois que la voix est libre. "

"Hallelujah..." ne put-il s'empêcher de dire, soulagé. "Bon, qu'est-ce que tu veux faire?" Il se laissa tomber dans le canapé en jetant nonchalamment sa veste sur le premier fauteuil à portée. Il avait proposé le verre au bar, maintenant c'était au tour du gamin de décider.

" On va quand même pas jouer dans le salon... Maman risque de... "

Il ne lui en fallut pas plus. Il échangea un regard complice avec son fils. Après tout, il n'était pas encore trop tard pour lui prouver qu'il n'était pas si coincé que ça... Et puis une de ses plus grandes craintes étant qu'on le catalogue comme son père, le Professeur Attila...

Il se leva et monta les escaliers. "Je vais chercher le gant et la balle..." Dit-il.

Une chance que Marion ait décidé de faire le ménage un peu plus tôt: ses précieux bibelots anciens étaient en sécurité dans son bureau. Une raison de plus pour ne pas se priver... A présent, tout ce qui se trouvait dans le salon n'était que purement matériel.

Dans son bureau, il prit le gant posé sur sa commode et se mit à la recherche de la balle. Il ouvrit plusieurs tiroirs avant de la trouver, accompagnée d'une petite photo de Ty Cobb, l'idole de sa jeunesse. Il sourit.

"Disons que tu seras les Tigers, et moi les Red Sox."

Il attrapa la batte à la volée en descendant les escaliers, puis la lui tendit d'un air presque solennel, un peu comme à un chevalier sur le point d'être adoubé. L'image le fit sourire.

" Tu vas voir ce que les Tigers ont dans le ventre. Première période, premier envoi, je vais te la dégommer celle là. "

Indy eut un petit sourire en se mettant en place. Il saisit la balle à deux mains avant de lever la jambe comme il faut le faire.

"Ty Cobb, mon garçon. Le Dieu du Baseball..." Dit-il avec un petit rire.

Alors, avec une allonge qui manquait peut être un peu de souplesse (ça devait bien faire 40 ans qu'il n'avait pas touché une balle), il lança la balle en cuir... Qui alla s'encastrer dans le canapé, à deux bons mètres de Mutt.
Il soupira et alla la chercher, puis se remit en position.

"C'était juste... Un tir d'échauffement." Sourit-il.

Puis, il se remit en mouvement et, plus souplement cette fois, envoya la balle qui décrivit une trajectoire proche de la perfection. *Voilà un bon tir !*

Lorsque le vase explosa, Indy eut le réflexe de se protéger le visage. De toute façon, il était loin, et il ne risquait rien, mais bon... *Déformation professionnelle, sans doutes.*

Il s'approcha prudemment pour évaluer les dégâts.

" Ho m*rde... Bon, heu, je crois qu'en fait... C'est pas une bonne idée. Maman va nous tuer... "

Indy passa sa main sur son menton d'un air perplexe. C'était un joli tir, quand même.

" N'empêche qu'elle est bonne, juste sur la ligne. Bon, ben on dit que j'ai gagné alors ! "

"Pardon?... Elle est hors jeu, ta balle. Regarde !" Il lui montra une ligne imaginaire qu'il venait d'inventer dans l'instant. "Là, hors jeu, le point est pour moi. Elle a rebondit ici. Hors jeu. Tu vois?"

En mauvaise foi, il était vrai qu'Indiana et Mutt s'accordaient parfaitement.

" LA ! LA ! LA ! ET LA ! "

Indy persistait dans son hochement négatif de la tête.

"Hors-jeu, je te dis."

" Bon, alors on remet le point. Et là, je te montre qu'elle est bonne ! Compris ? "

"Un peu qu'on va la remettre en jeu, mon pote !" Dit-il sans trop se rendre compte de sa formulation plus familière que d'habitude. Le Baseball réveillait en lui des vieux souvenirs, faisant vibrer une corde depuis trop longtemps silencieuse dans les tréfonds de son âme.

Il prit la balle au milieu des décombres en prenant soin de ne pas se blesser ce faisant, et se remit en position. Il prit le temps de bien montrer la délimitation du "terrain".

"Là, tu vois, première base, seconde base... Ici, c'est hors-jeu."

Puis il se mit en position de tir.

"Et pour ta gouverne, fiston... Ty Cobb est le meilleur voltigeur de centre de l'histoire du baseball. C'était pas un lanceur." Il eut un petit sourire en se rappelant à quel point il s'était identifié audit joueur, étant jeune.

Tout se passa comme au ralenti. La balle qui frappe l'étagère, l'étagère qui s'écroule, déversant son flot de livres et autres choses -toutes sans grand interêt, Dieu soit loué- sur l'étage inférieur.

" Bon ok... On devrait arrêter non ? On est en train de détruire la maison. "

Indy se pencha en avant pour y voir de plus près. *Mouais, bon, cette fois, je crois qu'il y a droit, à son point...* Il observa et vérifia plusieurs fois si la balle était tombée à l'endroit dit. Et force était de constater que c'était en effet le cas.

" Mais là... J'ai le point ! Elle est bonne ! "

"Hum, je suis pas sûr..." Dit Indy avec un petit sourire en se frottant le menton d'un air faussement perplexe. "Ça va, je t'accorde ce point, mais crois pas t'en tirer aussi facilement !"

Il se redressa en ramassant la balle. Il la fit sauter dans sa main d'un geste assuré.

"Donne-moi ça, que je te montre que ton vieux père n'a pas dit son dernier mot." Dit-il en indiquant la batte avec un sourire. "Je ferai attention, moi." déclara-t-il, mettant bien l'accent sur le "moi" agrémenté d'un superbe lever de sourcils dont il était devenu spécialiste.

"Hum, je suis pas sûr..."

Mutt fit volte face en lançant des petits yeux accusateurs à son père. Un regard qu'il avait hérité de sa mère et surtout quand elle était furax. Il finit par lui accorder son point à contre-cœur. Il se tourna vers lui, alors qu'il ramassa la balle. Il s'approcha de son fils et dans un geste, demanda la bâte. Mutt eut un léger sourire en coin, secoua la tête, ses yeux pétillants de malice. Alors comme ca, il voulait lui montrer comment il frappait la balle. Il lui donna la bâte et dans un sourire taquin lui sortit tout en tapotant sur son épaule d'un geste familier et amical.

" D'accord papy, mais fais gaffe à ne pas te faire un tour de rein, hein ? Ca me gênerait de devoir te conduire aux urgences. Quoi que ca me donnera bien l'occasion de conduire la voiture... "

Il attrapa la balle en cuir dans la main de son père, et le gant et se plaça là ou ce dernier était au dernier tour. *Lance là bien Mutt, sinon tu auras le droit à des railleries de sa part, surtout avec ce que tu viens de lui sortir* Il se plaça fit de grands gestes avec ses bras dans le style "dernier échauffement" dans un geste théâtral qui rappelait vaguement son grand père (gestes qui ne servent à rien, enfin, juste pour la frime... Mais Mutt y'a aucune fille qui te regarde là xD). Il prit position. Dans un dernier sourire il ajouta :

" Attention... Je pense que c'est à toi de faire bien attention. "

Il arma son bras et lança la balle. Un lancer parfait. Un peu fort peut être, mais disons que Mutt avait de la force dans les bras et il n'hésitait pas à s'en servir. (Note oblige, il est champion d'escrime et pour conduire une Harley faut pas être un petit gringalet xD) Bon, il s'attendit pas au retour de force...

[HJ : et là ! C'est le drame ! PTDR]

" D'accord papy, mais fais gaffe à ne pas te faire un tour de rein, hein ? Ca me gênerait de devoir te conduire aux urgences. Quoi que ca me donnera bien l'occasion de conduire la voiture... "

Il eut un petit rire en sentant l'accolade amicale de son fils.

"Ne m'appelle pas Papy..." Dit-il avec un sourire. "Et même si j'étais au seuil de la mort, je te laisserai conduire la voiture que quand t'auras passé ton permis."

Il se plaça dans la position du voltigeur avec quelques hésitations, comme s'il ne se rappelait plus très bien de la position exacte, puis arma la batte derrière sa tête et fléchit légèrement les genoux, ignorant ses petits rhumatismes.

" Attention... Je pense que c'est à toi de faire bien attention. "

"T'en fais pas pour moi, gamin. Lance donc cette balle !"

La balle partit, et l'automatisme du tir refit instantanément surface dans l'esprit d'Indy. Il calcula la trajectoire de la balle, ajusta la hauteur de la batte, réduit le recul pour ne pas la lancer trop fort, se tendit et envoya un petit coup sec et précis. La balle rebondit contre la batte dans le "shtock" familier avant de décrire un léger arc de cercle à une vitesse assez effrayante (même s'il ne l'avait vraiment pas frappée fort) et d'atterrir... sur le nez de Mutt.

Ni une, ni deux, Indy lâcha la batte et se précipita vers son fils.

"Wouah, désolé fiston, ça va?"

Mutt lança la balle. Un lancer que Mutt pourra se venter par la suite... Bon, s'il s'en souvient, car à peine la balle fit l'aller vers la bâte que tenait son père, elle fit demi tour à son lanceur. Pas le temps de réagir... Juste le bruit de la balle rebondissant sur la bâte dans un "shtock" familier. Il sentit un choc au milieu de la figure, il vit alors le plafond défiler devant ses yeux ébahis... Il se retrouva par terre. Alors que le choc passa. Une douleur fulgurante lui frappa le nez ! Premier réflexe pour le garçon fut de porter ses mains à sa figure. Second réflexe, fut de jurer. Troisième réflexe... Heu non, ca s'arrête là.

Mutt regarda alors ses mains. Ben bravo ! Son nez saignait de nouveau maintenant, et pas rien qu'un peu... Ca fait le troisième gros bourre pif de la journée. Il vit son père se précipiter vers lui. Il ne put s'empêcher de rire tout en gémissant légèrement.

" Celle là, elle était belle ! Magnifique même ! J'm'en rappellerais ! Et j't'avais bien dit que mon nez attirait tous les coups du coin... Ca c'est de ta faute... J'ai hérité de TON pif ! Je suis sûr qu'il attire les emm*rdes, un peu comme toi... Quoi que c'est de famille ca... On y peut rien ! "

Il essaya de se relever, mais disons qu'il était encore un peu sonné. Il reporta sa main vers son nez qui continuait de saigner. Il vit alors l'état de son T-Shirt. * Un coup à faire crever ma mère... Elle va me tuer... * Il palpa son nez endolori :

" J'espère qu'il n'est pas péter cette fois... J'aurais l'air fin après ca. La dernière fois, ou j'ai autant pissé le sang du nez, c'est quand je me suis cassé la gueule la tête la première sur l'évier de la salle de bain. J'avais glissé en sortant de la douche. "

Il eut un léger sourire en coin en se rappelant de cette fois. N'empêche que celle là aussi allait s'ajouter à ses anecdotes.

Il s'accroupit près du petit et le regarda d'un air inquiet. Lorsqu'il se mit à rire, il fut à moitié rassuré.

" Celle là, elle était belle ! Magnifique même ! J'm'en rappellerais ! Et j't'avais bien dit que mon nez attirait tous les coups du coin... Ca c'est de ta faute... J'ai hérité de TON pif ! "

Il eut un petit rire en hochant la tête, d'un air de désespoir feint.

" Je suis sûr qu'il attire les emm*rdes, un peu comme toi... Quoi que c'est de famille ca... On y peut rien ! "

"Et encore, tu n'as rien vu..." Soupira-t-il. En effet, l'épisode d'Akator et tout ce qui s'en suivait n'était qu'une goutte d'eau dans l'océan de problèmes qu'il s'était attiré au cours de sa vie.

" J'espère qu'il n'est pas péter cette fois... J'aurais l'air fin après ca. La dernière fois, ou j'ai autant pissé le sang du nez, c'est quand je me suis cassé la gueule la tête la première sur l'évier de la salle de bain. J'avais glissé en sortant de la douche. "

Il se mit à rire, se rappelant la fois où il avait bien failli casser le sien en cherchant à s'échapper de la chambre d'une étudiante avant que la concierge ne l'attrape. Une course effrénée à travers le campus, une branche un peu trop basse, et une semaine entière de retenue... Sans parler des millions de coups qu'il avait reçus dans sa vie.

"S'il était cassé, il ne saignerait pas." répondit-il, philosophe. "Je crois qu'on va suspendre le match avant de tuer quelqu'un, disons que le point est annulé pour cause d'adversaire blessé."

*Bah, je peux bien lui accorder cette victoire, quand même... Même si... Non, mets ton manque de fair-play de côté, Jones. C'est pas le moment.*

"N'empêche que la balle était bonne." Dit-il dans la continuité de ses pensées.

Il se redressa et lui tendit la main. "Allez, debout champion. Je vais te chercher de la glace, penche ta tête en arrière."

" Complètement ! Je ne peux nier. Mon nez est là pour en faire la preuve. Superbe frappe ! "

"Serait-ce de l'ironie que je décèle dans ces paroles?" Dit-il avec un sourire.

Il le tira en arrière pour l'aider à se lever et attendit qu'il retrouve son équilibre, puis il le lâcha et partit en direction de la cuisine, le voyant s'affaler sur le canapé du coin de l'œil.
Il ouvrit la porte du freezer et en sortit un pack de glaçons, puis il attrapa un torchon et remonta ses manches pour sortir quelques glaçons de l'emballage en plastique.

"C'est vrai que tu t'en sors pas trop mal pour quelqu'un qui a réussi à balancer sa batte dans la tête d'un prof..." Déclara-t-il en disposant deux ou trois glaçons dans le torchon. "On est encore loin de Cobb et de ses 4191 coups sûrs, mais Lajoie a du soucis à se faire."

Il noua le torchon d'un geste sûr avant de remettre les glaçons restants dans le freezer.

"Tu me montreras comment tu te débrouilles pour rattraper une balle... Je veux dire, avec ta main." Il eut un rire léger, rien de méchant puisqu'il savait qu'il avait une grande part de responsabilité dans l'accident, en revenant à son fils.

"Mets ça contre ton nez, je vais voir si je peux limiter les dégâts avec ta mère..." Sourit-il en lui tendant le torchon froid qui commençait déjà à goutter de partout. *Où est-ce qu'elle a bien pu mettre le balai...*

De l'ironie ? De qui l'avait il hérité ? Il haussa les sourcils alors que sa tête pendait en arrière sur le dossier du fauteuil. Il lui répondit :

" Ouais... Semblerait ! Mais j'déconne pas ! 'Sensass' ton tir ! Moins bien pour mon nez bien sûr. "

"C'est vrai que tu t'en sors pas trop mal pour quelqu'un qui a réussi à balancer sa batte dans la tête d'un prof..."

Mutt rit alors et baissa la tête vers son père. Ouais, il avait fait fort ce jour là. Et en même temps, il était plus petit et plus maigrichon qu'il ne l'était maintenant. Il avait juste été trop violent dans son geste et ses doigts n'avaient pas sut retenir la bâte alors qu'il faisait son mouvement circulaire... Comment on appelle ca déjà ? Ha oui !

" Ca c'était à cause de la force centrifuge ! Elle m'a juste échappé des mains ! Note que je n'avais que 13 ans à l'époque. Je n'étais qu'un gosse. "

Comment se débrouillait il pour rattraper une balle ? Heu... Avec ses mains. Souvent Mutt se les prenait dans la figure. Ce qui est véridique ! Quand je vous dis que son nez attire les bourre pifs ! Il en rit d'ailleurs :

" Oui, tu peux rigoler, va... On m'a dit, il y a encore pas longtemps, qu'il fallait que j'arrête d'essayer de rattraper les balles avec ma figure, que ca ne marchait pas comme ca ! Mais si par un heureux hasard, elles arrivaient à me tomber dans les mains ! "

Pause. Réflexion.

" A si ! Une fois ! J'ai fait du Football. J'ai eut la balle. J'avais 14 ans. J'avais voulut entrer dans l'équipe de l'école. Je me rappelle avoir eut la balle dans les mains, j'ai vu un troupeau courir vers moi et puis... noir ! Me suis réveillé à l'infirmerie, avec ma mère qui beuglait. Bon à l'époque j'étais encore un gringalet. Note que je crois que les sports de balles ne sont pas fait pour moi ! "

Son père lui tendit un torchon avec des glaçons. Le garçon l'attrapa et le posa sur son pif. Froid... Froid... Il n'aimait pas trop ca. Il vit alors son père tourner en rond. Il cherchait le balai. Bon... Est-ce qu'il allait lui dire ?

" Heu... P'pa ? Cherches pas ! Y'en a plus ! Ou ce qu'il en reste... Avec Kurtis, on a voulut se faire un petit combat. Moi j'avais le balai et lui... heu... justement la bâte ! Il est clair que cette foutue bâte gagne face au balai. 'fin bref. Heu... Sinon je te conseille l'aspirateur, à côté des toilettes dans le placard ! "

Il remit les glaçons sur son visage, retira ses chaussures et s'allongea complètement dans le canapé. D'un air de dire. * Oublies ce que j'ai dit. Ca n'a pas d'importance. Maintenant c'est l'heure de la sieste et je ne suis pas en état de me faire engueuler... * Il espérait qu'avec la situation, ca passerait quand même.

Il sourit en entendant son fils essayer de se justifier pour l'histoire du prof. Encore un élément qui l'avait poussé à ne pas devenir prof de sport. Les coups perdus... Même s'il en avait prit un sacré paquet, et pas que de batte.

" On m'a dit, il y a encore pas longtemps, qu'il fallait que j'arrête d'essayer de rattraper les balles avec ma figure, que ca ne marchait pas comme ca ! "

"Ce sont des paroles pleines de bon sens."

Il continua à chercher le balai des yeux. Lorsqu'il lui raconta sa première fois au football, Indy hocha la tête.

"C'est un sport de brute, aucune finesse, ça m'étonne pas vraiment. La plupart des gens qui le pratiquent doivent sûrement subir une amputation de cerveau, ou peut être qu'ils ont des gênes de prédisposition... Tous les sports de balle ne sont pas des sports de bourrin. Regarde, le baseball, si on met de côté ce genre d'accidents qui arrivent... assez rarement, il faut le dire... C'est un sport plein de finesse, de stratégie, et beaucoup moins simpliste que le football."

Il commença à tourner en rond pour trouver ce qu'il cherchait.

" Heu... P'pa ? Cherches pas ! Y'en a plus ! Ou ce qu'il en reste... Avec Kurtis, on a voulut se faire un petit combat. Moi j'avais le balai et lui... heu... justement la bâte ! "

Il s'arrêta et se tourna graduellement vers son fils.

" Il est clair que cette foutue bâte gagne face au balai. 'fin bref. Heu... Sinon je te conseille l'aspirateur, à côté des toilettes dans le placard ! "

*Non, c'est pas le moment pour s'énerver, tu vas pas ruiner tout ces grands pas en avant que vous avez faits maintenant. Malin le petit, me dire ça maintenant, je suis sûr qu'il sait que je ne vais pas m'énerver...*

Il lui adressa un sourire un peu tendu, avant de rire pour détendre un peu l'atmosphère.

"... Ouais. Elle marche très bien pour se défendre contre une réelle menace, aussi." Ajouta-t-il, maîtrisant sa colère assez parfaitement pour quelqu'un qui d'habitude démarrait au quart de tour à ce genre de déclarations.

*Bah, faute avouée à moitié pardonnée... Je suppose que c'est de son age... Hey attend une minute, est-ce que je suis en train de devenir sénile?... Ah, on aura bien d'autres occasions de se disputer, lui et moi. Autant que ça soit pas maintenant.*

Il alla chercher l'aspirateur au lieu dit, le brancha et le mit en route avant d'aspirer à peu près tous les débris qui trainaient, vestiges de pots, vases et autres choses. Puis, il rassembla les morceaux trop gros pour passer le petit tuyau *Si je casse l'aspirateur, notre alibi partira en fumée*. Encore une fois, il se félicita d'avoir eu la présence d'esprit de mettre tous ses artefacts dans son bureau.

"Bon, j'ai du boulot pour demain. Va falloir que j'aille m'isoler dans mon bureau comme le gros ours des cavernes que je suis... aïe !" Il était tellement peu concentré sur ce qu'il faisait qu'il se coupa la main en ramassant un bout de verre. Il leva les sourcils en se rendant compte qu'en fait, il ne se l'était pas coupée. Lorsqu'il leva la main, le bout de verre resta planté dedans. *Dieu merci, c'est la main gauche...* fut sa première pensée. L'intrus n'était pas rentré de beaucoup, quelques millimètres à peine, mais il était tellement chatouilleux dans ce genre de situations qu'il n'osa pas le retirer, se contentant de le regarder sous sa peau, une goutte de sang traçant un parcours sinueux le long de sa main et de son avant bras pour aller se perdre dans sa manche retroussée qui fit éponge instantanément.

" Tu t'es coupé ? "

Indy ne répondit pas. Il se contenta d'observer sa plaie d'où les gouttes de sang commençaient à affluer pour grossir la tâche rouge sur sa manche.

" Dis moi pas que t'as peur d'un bout de verre ? Fais voir ca ! "

Il se fit saisir par le bras et tirer dans la cuisine, protestant silencieusement à force d'ouvertures et fermetures de sa bouche, sans savoir quoi dire. La douleur était loin d'être insupportable, mais elle était bien présente et engourdissait tout son bras (le gars, dans sa vie il a dû prendre 30 balles dans le corps, des millions de coups de poing, piqures de scorpions, morsures de serpent, écrasement d'os, strangulations, déboitements d'articulations [...] et il perd tous ses moyens devant un petit bout de verre dans la paume de sa main xD).
Lorsque son fils attrapa le bout de verre, Indy émit une plainte étouffée. Et lorsqu'il le lui retira, il serra les dents en grognant.

"Aïe." déclara-t-il simplement en le regardant dans le fond des yeux avec son air de reproche, comme s'il avait pu le lui ôter sans douleur.

Sa main fut passée sous l'eau, et comme si c'était un fait exprès, l'extraction du bout de verre avait démultiplié le débit sanguin. La plaie n'était pas bien grosse, mais la quantité de sang qui s'en écoulait était très impressionnante. (Toute ressemblance avec des faits vécus serait un vrai coup de bol) Il ouvrit et ferma plusieurs fois sa main et, évidement, ceci ne fit qu'augmenter le débit. L'eau prenait une teinte légèrement rosée dans le fond de l'évier en inox.

Son fils sécha le membre blessé avec un torchon avant de l'y enrouler. Il retira sa main et grommela un léger "Merci." à peine audible, peut-être un peu honteux de sa réaction disproportionnée par rapport à la gravité de la blessure.

Mutt lui parla du placard à pharmacie.

"Non, je sais pas où sont les clefs... Mais c'est rien. Ça va." Dit-il en serrant sa main contre lui, le dos légèrement courbé. S'il n'avait pas dépassé la cinquantaine, on aurait pu dire qu'il était dans la pose typique du gamin qui exagère sur sa douleur pour que ses parents ne le touchent pas. Son fils, en l'occurrence. "Et ton nez, il va mieux?" Dit-il pour vite changer de sujet.

" T'inquiètes, comme je t'ai dit, j'ai l'habitude. Mais c'est gentil de t'en soucier comme ca. "

Indy haussa les épaules pour lui signifier que c'était normal, et il le vit perdu dans ses pensées un instant. Il baissa la tête sur sa main pour voir si le sang avait fini par traverser le torchon et fut à moitié déçu de constater que ce n'était pas le cas. Et lorsqu'il leva la tête pour essayer de combler le silence par une phrase, n'importe laquelle, à propos du fameux placard à pharmacie ou autre, il vit son fils s'approcher de lui. Son premier réflexe fut d'éloigner sa main blessée pour prévenir tout contact qui pourrait lui faire mal (peuchère, faut le comprendre, il est gravement blessé... xD). Mais s'il s'attendait à ça...

Aussi simplement que ça, et dans une étreinte intime et tendre, son fils se serrait contre lui. Comme un... fils, en fait. Il en fut profondément bouleversé. Non, pas bouleversé, *je vais pas me mettre à chialer non plus* juste... étonné. Prit de court. Jamais il n'aurait cru partager un moment aussi simple et intime avec son fils, pas plus qu'avec son père, ni avec personne d'autre.

Il leva la tête, gêné, et déglutis, sa pomme d'Adam faisant un bond dans sa gorge. *Est-ce que ma gorge est nouée ou bien je suis en train de devenir fou?*

Voilà. Aussi simplement que ça. Son fils se serrait contre lui. Il baissa la tête et le regarda, incertain de ce qu'il devait faire. Sa main blessée restait en l'air tandis que son autre main pendait mollement à son côté.

*Arrête de penser, Jones.*

Alors, doucement, d'un geste lent et calculé, comme s'il avait peur de l'effaroucher, il passa sa main valide pardessus l'épaule de son fils et la posa à plat sur son dos avant de le serrer contre lui. C'était une étreinte qui ne lui ressemblait pas du tout. En temps normal, s'il l'avait étreint (et rien que ce critère sortait de la norme "en temps normal"), il l'aurait serré fort, d'une étreinte masculine et virile, brutale. Mais là... Là, il caressait doucement son dos avec son pouce, d'une tendresse dont il ne se savait pas capable, et qui lui fit un peu peur.

Le moment était silencieux, immobile, mais d'une intensité flagrante. Il n'osait pas bouger, presque pas respirer, de peur de briser l'instant. Alors, doucement, il ferma les yeux et savoura la sensation de se sentir proche de son fils... Ou bien de quelqu'un, tout simplement. Lui qui était si solitaire et qui avait d'emblée farouchement délimité son territoire jusque dans son couple.

L'étreinte se poursuivit pendant ce qui aurait tout aussi bien pu être des siècle que des secondes. Et pourtant, c'était un échange si simple...

" Papa... "

"J'suis là..." Répondit-il doucement. Et y avait-il choix de mots plus approprié?

Au premier sanglot de son fils, Indy appliqua une petite pression sur son dos. Pour lui signifier son soutien, peut être? En tout cas, du fait que son fils craque, il était à deux doigts de se mettre à pleurer aussi. Pourquoi? Lui même ne le savait pas. Une simple étreinte, mais ça voulait dire beaucoup de choses... Mais Indiana Jones ne pleurait pas. C'était un précepte.

Lorsque Mutt se recula, Indy retira son bras et... Et il passa sa main sur sa joue qui le démangeait, ouais, c'était sûrement ça. Pas une larme, non, ou peut être, mais de passer l'aspirateur, ça avait soulevé la poussière. Ouais. La poussière...

" M... erci... Enf...in, ex... ...cuses... moi. "

Il hocha négativement la tête pour lui signifier qu'il n'avait pas à s'excuser. Il le dit, d'ailleurs, d'une voix un peu plus rauque que ce qu'il aurait voulu.

"T'as pas à t'excuser."

" Faut pas que... Enfin... Il faut... que ca reste entre... nous... Par... don... Ouah ! Je pensais... pas que... ca prendrait cette tournure là... "

"T'en fais pas, ça reste entre nous..." Il lui adressa un petit sourire avant de le prendre par l'épaule d'un geste un peu plus viril. "Ça va, j'suis là maintenant, ça va aller..."

Il appliqua une pression sur son épaule.

"Hey, fiston... Ça va... Je... ça va aller." Il ne savait plus quoi dire non plus, et s'il y avait bien une chose qu'Indiana Jones détestait, c'était quand il perdait ses moyens. Mais curieusement, cette fois-ci, le fait d'avoir ôté son armure ne lui faisait pas plus mal que ça.

Il lui caressa la joue d'un geste tendre avant de le ramener contre lui. Il posa sa joue contre son front. "D'accord?" Dit-il avant de déposer un baiser paternel sur son front.