L'avion de la Lufthansa atterit en douceur sur les longues pistes de l'aéroport de New-York. Eva Gretchen avait passé le plus clair de son voyage à lire des recueils sur l'histoire de Constantinople, si bien qu'elle ne s'était pas rendue compte de la longueur du trajet. Intérieurement, elle se demandait qu'elle allait être la réaction du clan Jones à l'égard de sa personne. Si Henry et son défunt mari étaient les meilleurs du monde, ils devaient ignorer beaucoup de choses sur son compte, si ce n'est qu'elle était l'une des propriétaire de musée parmie les plus ambitieuses et les plus riches.
Elle se remémora le télégraphe qu'elle avait envoyé à la demeure des Jones, et qui était plus particulièrement adressé à l'ainé de la famille Jones.

"Monsieur Henry Jones,
Je dois vous faire part d'une découverte de la plus haute importance!
Pour cela, nous devons absolument nous rencontrer.
Ne sous-estimé pas l'importance de ce message, car il pourrait aboutir à la découverte de votre vie. D'ailleurs mon défunt époux, qui a énormément oeuvré sur le projet dont je veux vous faire part, vous en serait éternellement reconnaissant si vous veniez à mon aide. Je serai à l'aéroport de New-York, dans la matinée de dimanche, à 10h35. Si vous pouviez venir ou envoyer une personne pour récupérer mes valises, j'apprécierai ce geste. Dans l'espoir de vous voir bientôt, je vous remercie d'avance...

Eva Gretchen."

Si le message avait le mérite d'être clair et concit, elle se demanda si les Jones allaient se déplacer pour la recevoir à l'aéroport...
C'est pourquoi elle descendit la passerelle avec une légère appréhension, à l'idée de devoir trouver un taxi dans la fourmilère New-Yorkaise.
Eva détestait inverser les rôle. Elle avait pour habitude de se faire désirer, et pour une fois le scénario contraire se produisit. Cela faisait une dizaine de minutes qu'elle attendait dans le hall de l'aéroport, et toujours pas le moindre signe de la famille Jones. Elle sortit une cigarette d'une boite dorée et l'alluma pour l'aider quelque peu à passer plus facilement ce sentiment d'attente.

Soudain une ombre se faufila à travers la foule pour se rapprocher d'elle. Elle n'arrivait pas encore à le distinguer, mais cela n'était l'affaire que de quelques secondes...

Attendre... Ouais... Attendre... Pour Mutt ? C'était mission impossible... Il ne pouvait s'empêcher de bouger, et de gesticuler sur ses fesses alors qu'il était assit sur le siège passager de la voiture. Il n'hésitait pas à souffler longuement de temps à autre, et tournant sauvagement le bouton de la radio pour essayer de capter un truc pas mal. Il tomba sur un tube d'Elvis, qui lui donna une distraction pendant quelques minutes.

Mais qu'est ce qu'il foutait là au juste ? Et bien, il était là pour accompagner son père (et grand père ?) à l'aéroport pour acceuillir une archéologue. Sa mère lui avait discrètement glissé qu'il devait se proposer pour les accompagner. Comprenant ce que voulait dire sa mère, Mutt avait accepté. Mais il se retrouvait coincé dans cette bagnole ! Coincé ? En y réfléchissant bien... Pas vraiment. On ne l'avait pas enfermé aux dernières nouvelles.

Mutt éteignit la radio, attrapa les clefs qui se trouvaient sur le démareur pour se les mettre dans sa poche. Jeta un coup d'oeil rapide derrière lui tout en attrapant ses Ray Ban qu'il avait embraqué et qu'il plaça sur son nez, (chose qui ne servait à rien, vu que le ciel était couvert et nuageux) comme quand il se préparait à faire une bétise, et ouvrit la portière pour arriver sur le parking de l'aéroport. Il ferma soigneusement la voiture et se dirigea vers le bâtiment, les mains dans les poches.

Il entra de sa démarche habituelle de glandeur rebelle. Genre, trainant à moitié les pieds et roulant les mécaniques en même temps. Il n'hésita pas à se retourner sur quelques demoiselles, sans oublier de les aider à porter certains bagages. En gros... Draguer comme d'habitude.

Il entra dans le bâtiment et jeta un coup d'oeil à l'intérieur. Il y avait pas mal de monde. Il se mit à chercher une tête familière mais ne vit pas signe de père ou grand père. Il marcha dans le hall et enleva ses lunettes pour se les poser au dessus de la tête. Innocemment il se tourna vers les magasins de l'aéroport. Les mains dans les poches de son Jean, tout en machant un Chewing gum, il évalua la vitrine. Il allait entrer dans le magasin quand il se fit bousculer par une fille qui partait dans l'autre sens. Elle lui lança un rapide " Désolé " avec un regard confus, avant de disparaitre. Le garçon regarda la jeune fille s'en aller, ne sachant pas ce qui l'attendait. Il entendit alors quelqu'un crier de l'intérieur :

" LA ! LUI LA ! C'EST UN COMPLICE. "

Comme le garçon ne se sentait pas en faute, il ne fit pas attention aux cris et continua de regarder la fille disparaitre dans la foule. Il finit par hausser les épaules quand un homme l'attrapa alors violemment par le bras et l'obligea à lui faire face. Surpris le jeune homme lança un regard perplexe au bonhomme qui se dressait devant lui et qui d'après ce que Mutt pouvait constater, devait être de la sécurité ou en tout cas, il était en uniforme de policier avec un badge "Sécurité". Il lui lança alors :

" C'est quoi le problème ?
- Videz moi vos poches !
- Comment ? "

Mutt fit de grands yeux surpris. Comment pourrait on croire qu'il avait put... Bon Ok, il avait la dégaine pour et sans compter que ce n'était pas la première fois qu'il ferait ca... Enfin là, il n'avait rien fait.

" C'est absurde. Je ne suis même pas encore entré dans ce magasin alors expliquez moi comment j'aurais fait pour y voler quelque chose...
- Je suis sûr que vous êtes le complice de la jeune demoiselle qui vient de sortir. Ne me prenez pas pour un idiot jeune homme. Videz moi vos poches, sinon je risque d'y employer la manière forte. "

Mutt serra les dents devant l'absurdité de la scène. Il soupira longuement. Mais comme il n'avait rien à cacher, (pour une fois) il passa ses mains dans ses poches et commença à les vider. Paquet de clopes, ses papiers, son porte monnaie, son cran d'arrêt, quelques Chewing Gum, son peigne, les clefs de la voiture et... Le garçon se figea. Une chose étrangère venait faire place dans ses poches. Il ne put s'empêcher de lâcher entre ses dents :

" La garce...
- Comment ? Je vous pris de vider entièrement vos poches, sinon je risque de les faire par moi même. "

Il leva un regard interdit à l'homme en face de lui. Il soupira de nouveau. Il allait encore s'en prendre pour son grade. Il sortit la dernière chose qu'il avait dans ses poches. Une sorte de colier en or et pierre précieuse qui avait dut être dérobé dans une bijouterie. Il déposa l'objet dans les mains de l'homme et passa une main sur son visage d'un air dépité. Mutt ajouta tout de suite :

" J'y suis pour rien du tout... J'vous l'jure... C'est cette fille, elle m'a bousculé et elle foutu ca dans ma poche et...
- Oui oui... Bien sûr. Vous allez me suivre.
- Mais j'ai rien fait j'vous dis... P*tain... Faut être vraiment c*n pour rester devant le magasin alors que... Rha et de toute façon, vous ne m'écouterez pas. Comme si j'en avait déjà pas assez sur le dos avec cette c*nasse d'éduc'...
- Qu'est ce que vous venez de dire ? "

Mutt se contenta de souffler de nouveau d'un air dépité, tout en lançant un regard noir à l'homme.

" Rien... "

L'homme attrapa Mutt par le bras pour l'emmener tout en le trainant derrière lui. Le garçon lança un regard désespéré dans le bâtiment afin de trouver son père mais il y avait trop de monde. Alors que Mutt trainait un peu en arrière, l'homme le tira un peu plus sur son bras pour le faire avancer.

" Vous me faites mal.
- Tu n'as qu'à avancer...
- S'il vous plait... J'voudrais trouver mon père. Il doit être dans le coin. Faites au moins un appel.
- J'y penserais.
- Vous êtes vraiment trop c*n dans les forces de l'ordre. "

Bon la phrase avait fusé quelque chose de méchant. Mutt avait voulut le penser mais disons qu'il était tellement énervé que les mots étaient sortis de sa bouche sans qu'il ne puisse les retenir. L'homme s'arrêta et se tourna vers lui.

" Ha oui ? Je crois qu'on va pouvoir ajouter "insulte à agent". "

Mutt voulut répliquer mais il se dit qu'il serait plus sage de ne pas continuer. L'homme l'emmena alors dans une salle et le fit s'asseoir sur une chaise. Il sortit alors des menottes pour l'attacher au radiateur. Mutt secoua négativement la tête, à la limite des larmes aux yeux.

" Non pas ca... S'il vous plait... J'm'en irais pas... En plus vous avez mes papiers. J'ai rien fait j'vous dis... C'est injuste... J'suis pas un délinquant. Je...
- C'est ca. Un autre agent va venir vous parler. "

Il lui attrapa un poignet de force et l'accrocha au radiateur. Le garçon commença à paniquer... Alors que l'homme quittait la pièce. Il lança :

" Mon père ! Faites au moins un appel ! S'il vous plait... Henry Jones ! Appelez Henry Jones ! "

Mutt se prit la tête avec sa main encore libre. Fallait toujours que des trucs comme ca lui arrive et on s'obstinait à ne pas l'écouter. Il aurait mieux fait de rester dans l voiture. Quelque minutes plus tard, un autre homme en civil entra. Mutt leva la tête vers lui.

" Vous avez appelé mon père ? "

L'homme ne dit rien et prit une chaise pour se mettre devant lui. Il le fixa alors avant de lui demander :

" Où est elle ? "

Mutt secoua la tête d'un air paniqué.

" Quoi ? Qui ? J'en sais rien moi ! Cette fille ? Mais j'la connais pas bordel... Comme j'ai essayé d'expliquer à votre collegue. J'attendais juste mon père et...
- Te fous pas de moi, parce que je peux te faire plonger. "

Mutt essaya de se lever pour montrer son opposition mais bien vite retourna à son siège, car il était toujours attaché au radiateur.

" Pourquoi personne ne me croit ? J'la connais pas ! Je ne vous mens pas ! Faites un appel pour mon père. J'comprends rien à cet histoire... S'il vous plait... Henry Jones...
- Peut être. "

Il se tourna vers la porte quand une dame allait entrer.

" Demandes un appel pour Henry Jones. "

Mutt sentit une certaine pression s'en aller.

" Merci, merci...
- J'ai pas terminé. "

Mutt laissa tomber sa tête et fit la grimace.

" Elle n'aurait pas dût descendre de cet avion. Je... "

Mutt se mit à rire. Un rire nerveux...

" Qu'est ce qui vous fait rire ?
- Ho p*tain vous êtes trop c*n... Même moi j'viens de comprendre... Vous êtes en train de perdre votre temps ici.
- Comment ca ?
- C'est tellement logique ! Elle a piqué ce truc et me la foutu dans ma poche. Exprès... Pendant que vous vous acharnez sur moi, elle s'est déjà barrée très loin. En fait, le vol, ce n'était qu'une diversion...
- Tu étais bien au courant du plan. "

Mutt s'arrêta de rire.

" Vous êtes bouché en plus... Je ne la connais pas. Justement...
- Vous m'énervez jeune homme.
- Je sais, j'ai un certain don pour ca... "

Alors qu'elle attendait depuis un bon quart d'heure, Eva vit une ombre se faufiler à travers la foule et se diriger droit sur elle. Le visage de la belle autrichienne marqua un certain dégout, lorsque un mendiant des plus hideux se dressa juste devant elle. A la fois borgne et enveloppé d'une odeur corporelle des plus nauséabondes, l'homme édenté la gratifia de l'un de ses plus beau sourire, avant de se saisir d'un accordéon qui pendait en bandoulière. Il marqua une petite pause pour faire son effet, avant d'ajouter :

"Bien le bonjour, charmante Lady!"

Sur ce, il débuta un air d'accordéon parmi les plus execrables qui soient! Habituée aux fastes de l'Opéra de Berlin, le visage d'Eva se crispa devant une telle cacophonie. Mais le vieux mendiant continua de plus bel comme si il était envouter par la noblesse de son art. Eva se murmura intérieurement :

*Henry Jones a bien changé! Comme quoi la retraite n'arrange pas les choses!*

Alors que son attention était accaparé par le mendiant, Eva sentit un souffle dans son cou et comme la sensation d'une présence derrière elle. En se retournant, elle vit une jeune femme partir d'un pas pressé. Mais la jeune autrichienne n'y porta pas plus d'importance, car le vieux clochard venait de ponctuer son affreux récital accordéonique par une note horriblement dissonnante. Il voulut parler mais un rot immonde sortit de sa bouche. Il se ravisa, s'excusa de la main, puis d'un ton solennel lança :

"La ptite pièce ma belle Lady pour un artiste?"

Les yeux d'Eva se durcirent, dévoilant quelque peu la cruauté qui sommeillait en elle. Elle lacha avec un certain mépris :

"D'abord je ne suis pas votre Lady, espèce d'ivrogne!
Et sachez que vous n'avez absolument rien d'un artiste! Votre unique don est certainement de garder le sourire malgré l'odeur nauséabonde qui se dégage de vous. Je ne vous souhaite que de rester dans votre crasse et mourrir dans votre vinasse..."

Le visage du mendiant marqua une certaine stupeur. Ces paroles d'une dureté incroyable, enveloppé d'un léger accent germanique, l'avait complètement prit au dépourvu. Eva s'éloigna quelque peu et maugréa doucement :

"Ces américains ne sont même pas capables de venir à une heure exacte. Je me demande encore, comment ils ont pû remporter la seconde guerre mondiale avec une telle indiscipline..."

Soudain l'ombre d'un doute éclaira son doux visage, et elle porta immédiatement sa main à son cou.

"MON Collier!
Au VOLEUR!" s'écria t'elle

Elle tourna son regard vers le mendiant qui avait disparu, avant de comprendre le stratagème dont elle était la malheureuse victime. La jeune femme de tout à l'heure avait sans doute profiter que son attention soit accaparé par l'affreux récital de ce maudit vieillard pour lui dérober un collier d'une valeur inestimable!
Eva se précipita dans la direction ou était partie la jeune femme, afin de la rattraper. Elle passa devant les nombreuses echoppes et autres commerces de l'aéroport, avant de se retrouver devant la porte vitrée de sortie. Elle contempla la foule impressionnante qui s'agglutinait à l'extérieur, en se disant que son collier était définitivement perdu à jamais. Dans un soupir, elle murmura :

"Bienvenue en Amérique, Eva!"

Mais Eva ne lacha pas l'affaire, et décida de s'adresser à un agent de sécurité de l'aéroport qui se tenait à deux pas d'elle, en lui racontant en détail sa mésaventure.

"Un collier vous dites!?
Nous avons eu à faire à un vol de collier, il y a de ça quelques minutes! Je surveillais une jeune femme, reconnue par nos service pour sa kleptomanie, mais elle nous a filé entre les doigts! Mais je vous rassure, nous détenons un complice de cette maudite voleuse, et il va bien vite cracher le morceau...!"

Eva soupira de soulagement, levant les yeux au ciel!

"Je suis vraiment rassurée!
Vous détenez ce vieillard accordéoniste de malheur!
Rien que l'idée de sentir à nouveau son odeur nauséabonde me fait chavirer le coeur!"

Le policier marqua une certaine stupéfaction, et ajouta sur un ton perplexe :

"Bah non, c'est pas un vieux.
Tout juste une vingtaine d'années...
Et puis, il n'avait pas l'air de trop puer...
Vous devriez venir avec moi et me donner une description complète de votre bijou, et je vous confronterai avec votre agresseur."

Eva marqua un certain désarroi, mais elle décrit avec une précision d'orfèvre son collier, et le policier se rendit très vite compte qu'elle était dans le camp de la vérité. Il la conduisit dans un petit local ou était garder le fameux jeune complice. Eva entra dans la pièce et dévisagea un jeune homme, au regard noir et à l'air passablement irrité. Nul doute qu'il venait d'être soumis à un interrogatoire musclé...

"Vous reconnaissez ce jeune homme, mademoiselle?"

Les yeux azurs d'Eva se posèrent sur le jeune homme qui leva la tête à cet instant précis. Elle se mordilla la lèvre, avant d'ajouter :

"Absolument pas!
Comme je viens de vous le dire, c'est une jeune femme qui m'a dérobée mon bijou, sans doute avec la complicité d'un vieillard mendiant..."

Le policier émit un petit rictus de victoire, prennant une pause à la Humpfrey Boggart, avant d'ajouter :

"Pourtant ce petit crétin détenait vote collier, mademoiselle"

D'un geste plein de vanité, il saisit la main délicate d'Eva pour y déposer le collier en pierres précieuses. Un certain soulagement finit par s'incrire sur le visage porcelaine d'Eva, avant qu'elle tourne à nouveau son regard vers le jeune homme :

"C'est vraiment malheureux à ton age de se contenter d'être un vulgaire voleur, et d'avoir comme unique occupation de détrousser les honnêtes gens. J'espère que tu prendras le temps de réfléchir en prison, sur les conséquences d'un tel acte!"

Elle voulut s'eclipser à l'extérieur, mais le jeune homme semblait vouloir s'exprimer...

Autant Indy appréciait les vols en avion, autant il haïssait les aéroports. Il se maudit de ne pas avoir prévu une pancarte pour afficher le nom de la personne qu'il devait aller chercher à la sortie de l'avion.

*D'où est-ce qu'elle vient déjà? Ah oui, Berlin...*

Il passa sa main dans ses cheveux -coiffés pour une fois- et sur son menton -rasé de près et sentant bon l'aftershave- avant de lever la tête vers le grand tableau des arrivées où les chiffres ne cessaient de défiler à une vitesse folle. Il regarda les petits panneaux noirs tourbillonner dans un "clac clac clac clac clac" rapide, jusqu'à ce qu'ils se stabilisent et que la vérité lui saute aux yeux. Ses yeux passèrent du tableau d'arrivées à la grande horloge du hall. Il avait mal noté l'heure d'arrivée de l'avion. Il était en retard.

Se maudissant intérieurement, il se pressa jusqu'à la première foule qu'il trouva dans l'espoir de tomber sur Eva Gretchen. Mais évidemment il se souvenait seulement qu'elle était blonde et... *C'est fou le nombre de blondes qui viennent d'Allemagne !*

"Excusez-moi, miss Gretchen...?" demanda-t-il à la première jolie blonde qu'il trouva.

"Désolée, vous faites erreur sur la personne." Lui répondit l'inconnue avec un accent allemand à couper au couteau.

Il s'excusa et réitéra sa question à plusieurs inconnues, certaines ne parlaient même pas anglais. Cela lui permit de se rendre compte à quel point son allemand était rouillé.

Il s'assit sur un siège et se prit la tête dans les mains, imaginant une excuse qui passerait pour se faire pardonner son retard, sachant à quel point la précision allemande ne tolérait aucun délai.

Le haut parleur grésilla et son nom le fit sursauter.

"Mr Henry Jones est attendu au point accueil, Mr Henry Jones, merci."

*Ça, c'est encore Mutt !*

Il se leva et se mit à courir vers l'accueil. *J'aurais jamais dû l'amener! C'était tellement prévisible! Pourquoi est-ce qu'il est venu, au fait?*

On lui indiqua le département sécurité et il n'eut plus de doutes. Escorté par un agent de police, on le fit patienter dans une petite salle. *Je leur demanderai de passer un appel pour Miss Gretchen, aussi...*

Une poignée de secondes plus tard, un agent de sécurité de l'aéroport le mena devant une porte grise et la lui indiqua avant de repartir vaquer à ses occupations.

*Je vais le tuer.*

Il ouvrit la porte discrètement. Mutt était menotté au radiateur, il avait l'air d'avoir passé un sale quart d'heure. *Avec un peu de chance, ça lui servira de leçon et il ne recommencera pas.* Il ne prit même pas la peine de remarquer si d'autres personnes se trouvaient dans la salle tant il était furieux.

Apparemment, son fils allait parler, mais il ne lui en laissa pas le temps.

"Nom de Dieu, Junior! Je peux pas te laisser seul cinq minutes, c'est pas possible! J'aurais mieux fait de te laisser à la m..."

Il remarqua enfin une autre personne présente dans la salle. Elle était blonde, élancée, séduisante, de toute sa personne émanait le charme mystérieux allemand. Il ne prit pas la peine de finir sa phrase et, adoptant une allure plus humble, il s'adressa à elle d'un ton hésitant et poli.

"Excusez-moi, vous ne seriez pas... Miss Gretchen, par le plus pur des hasards?"

C'est vrai que ce serait vraiment un hasard. *Si c'est elle, je pense que j'en voudrai moins à Mutt...* Sa propre pensée l'étonna.

Eva fut abassourdie par la tournure surprenante des évènements, et à quel point un concours de circonstance pouvait engendrer une situation des plus ahurrissante. Le père du jeune garçon venait de pénétrer dans la minuscule salle d'interrogatoire, et invectiva asser durement son voleur de fils. Eva scruta avec une attention soutenue ce nouvel entrant. Il était plutôt bel homme, la quarantaine d'années sans nul doute. Il se dégageait de sa personne une sorte de charisme et une aura mystérieuse qui n'était pas pour déplaire à Eva, qui lui trouvait un charme certain. Cette dernière fut tirée de son exercice contemplatif par l'évocation de son nom, lorsque le père du fiston désobéissant lui demanda s'il elle se prénommait bien Miss Gretchen...
Ses yeux témoignèrent se troublèrent d'une certaine surprise, sa bouche entrouverte témoignant d'un certain effet de surprise. Elle venait de comprendre qu'il s'agissait sans doute de membre de la famille Jones. Eva ne connaissait que l'ainé de la famille, Henry Jones Senior, pour l'avoir rencontré au cours de gala mondain entre archéologues et historien de tout pays. Mais l'esprit logique d'Eva finit par déduire, que le père et le fils ici présent ne pouvaient qu'être de la famille Jones...

"Le hasard fait apparement bien les choses monsieur...
Monsieur Jones Junior, je présume?
Je suis bien Eva Gretchen, archéologue et conservatrice du musée de Bode à Berlin...
Je vous avouerai que je suis quelque peu désemparée par la tournure des évènements, et le fait que votre fils se trouve en possessionde l'un des collier qui me tient le plus à coeur...
Une coïncidence des plus étranges, vous en conviendrez..."

Eva avait accentué ses dernières paroles pour montrer qu'elle était quelque peu courroucée par cette situation des plus absurde. Au fond de ses pensées, elle se demandait même s'il n'aurait pas été plus judicieux de traiter avec les Russes. Mais elle oublia très cette pensée, quand le jeune homme se débattit avec violence pour se libérer des menottes qui l'entravait. Eva ressentit en lui, une peur panique qui pouvait le pousser à se blesser...
Elle se tourna vers les policiers, en leur intimant l'ordre de le détacher.

"Je vous demande de le détacher, car même si le vol s'avérait de la responsabilité de ce garçon, je me refuse à porter plainte contre lui...
Il n'est d'usage de se comporter ainsi avec des éventuels collaborateurs."

Eva est une femme d'une grande intelligence, et elle savait que pour s'attirer la confiance du clan Jones, il lui fallait des démonstrations de ce genre. le policier ébetté, la regarda puis demanda sur un ton ou se lisait la déception...

"Vous voulez libérer votre agresseur?
J'ai perdu mon temps avec ce bougre d'âne?
Bon si tout le monde connait tout le monde, je vais libérer cette saleté de voleur!"

Eva remarqua une certaine colère s'emparer du père du jeune homme devant l'attitude du policier. Mais ce dernier s'executa et ôta les menottes du jeune homme. Eva se dirigea vers celui-ci, posa sa main délicate sur son épaule. Puis de l'autre, elle tendit vers lui son collier de perles.

"Si vraiment tu n'es point un voleur, tu auras l'élégance et la galanterie de remettre ce colier à sa place d'origine, non?"

Dans une aura parfumée, Eva d'un geste sensuel de la main dégagea sa nuque de sa belle chevelure blonde, afin de permettre au jeune garçon de lui remettre son collier...

"Le hasard fait apparement bien les choses monsieur...
Monsieur Jones Junior, je présume?
Je suis bien Eva Gretchen, archéologue et conservatrice du musée de Bode à Berlin..."

Les lèvres d'Indy se courbèrent en un petit sourire de côté tandis qu'il hochait la tête.

"Je vous avouerai que je suis quelque peu désemparée par la tournure des évènements, et le fait que votre fils se trouve en possessionde l'un des collier qui me tient le plus à coeur..."

Son sourire s'effaça.

"Une coïncidence des plus étranges, vous en conviendrez..."

"En effet, des plus étranges..." Dit-il en lançant un regard réprobateur à son fils... qui d'ailleurs se débattait comme un beau diable.

Son expression et attitude lui rappelèrent la fois où il lui était tombé dessus et qu'il avait fait une crise de panique en lui expliquant comment respirer.

*Peut être qu'il a des penchants un peu claustrophobes...?*

Il allait demander la libération de son fils pour raisons médicales, mais Eva fut la plus rapide.

"Je vous demande de le détacher, car même si le vol s'avérait de la responsabilité de ce garçon, je me refuse à porter plainte contre lui...
Il n'est d'usage de se comporter ainsi avec des éventuels collaborateurs."

Il souligna ses paroles d'un mouvement de la main à l'attention des agents de sécurité -même si elles lui étaient plus adressées à lui qu'à quiconque d'autre.

L'agent ronchonna avant de s'exécuter, et Indy peina à refréner un soupir de soulagement. Mais lorsqu'elle s'approcha du gamin, un sentiment assez inexplicable se répandit en lui comme un poison désagréable. Il se dit d'abord que ça devait sûrement être la peur que cette femme-fatale s'approche de trop près de son rejeton... Mais lorsqu'elle découvrit sa nuque, l'archéologue (loin d'être insensibles aux charmes féminins, comme nous le savons tous) sentit sa bouche s'ouvrir. Il resta bouche-bée la moitié d'une seconde, puis secoua la tête et se racla discrètement la gorge.

*Jones, t'es un homme marié! Tu aimes ta femme, tu as un gamin. Une jolie maison, un emploi fixe et bien rémunéré, un jardin, un bureau, une vie tranquille...* Mais une brève inspiration par le nez effaça toute sorte de rationalité de son esprit. *Bon sang ! On dirait du parfum français ! Quel est le nom de ce parfum, celui de Marylin Monroe... Chanel?* Et une fois encore, il dût se secouer intérieurement pour reprendre ses esprits. Il resta donc immobile, les yeux irrésistiblement attirés par la nuque si douce et délicate de la belle inconnue.