Jour de départ au Manoir d'Offenheim

Depuis les premiers signes de l'aube, une effervescence incroyable s'était emparée du manoir d'Offenheim. Contrastant avec la quiètude matinale de la ville de Berlin, des serviteurs s'activaient dans tout les sens, chargeant et déchargeant de lourdes valises dans le hall de la somptueuse demeure. Une splendide Rolls-Royce stationnée au pied des marches de cette dernière, laissait présager de l'imminence d'un départ.
Une telle activitée n'était pas coutumière dans ce quartier huppé de Berlin Ouest. Il faut dire que la propriétaire des lieux, la somptueuse Eva Gretchen, s'était montrée plutôt discrète ces derniers temps, passant le plus clair de son temps dans son musée de Bode. Nul doute que depuis peu, elle s'était lançée dans des travaux de recherche archéologique qui empiétaient considérablement sur sa vie privée, au grand dam de la presse à scandale toujours à la recherche d'une nouvelle liaison a attribuer à la jeune milliardaire.
Depuis la défaite des Nazis et la fin de la seconde guerre mondiale, Eva Gretchen se montrait également très discrète sur son rôle et ses fréquentions au cours de cette période trouble. C'est pourtant au coeur de la seconde guerre mondiale qu'elle s'était vue attribuée la fortune colossale de son défunt époux, Hans Gretchen. Opportuniste et calculatrice, la jeune autrichienne avait détourné son regard de l'idéologie nazie vers d'autres cieux plus lucratifs, comme les Etats-Unis d'Amérique. Mais rien ne laissait supposer qu'il ne s'agisse encore une fois d'un choix dr raison plutôt que coeur. Mais une chose est certaine dans la vie carrièriste et nombriliste d'Eva, les sentiments n'avaient que peu de place...
Du haut de son escalier de marbre, Eva Gretchen fit son apparition dans une tenue des plus raffinées. Elle invectiva deux de ses domestiques qui portaient des caisses en bois dans le coffre de la voiture de luxe.

"Attention avec ce chargement! Je me demande vraiment pourquoi je m'oblige encore à vous verser un salaire, si vous n'êtes même pas capable de démontrer un tant soit peu de précaution..."

Eva Gretchen jeta furtivement un oeil sur sa montre en or, pour constater qu'elle était dans les temps pour prendre son avion pour New-York. Elle soupira de soulagement lorsqu'une voix de derrière elle la fit sortir de ses pensées.

"Madame Gretchen?
Je me demande sincèrement si nous pouvons avoir confiance en la famille Jones. Du grand-père au fils, il s'agit sans doute des pires têtes brulées que l'archéologie est jamais engendrée. De plus rien ne laisse présager d'un quelquonque arrangement avec eux, je reste persuadé qu'il vont se lancer comme des morts de faim sur les traces de nos récentes découvertes..."

Eva se retourna pour faire face à un homme de corpulence moyenne, au crane dégarni. Elle lui jeta un regard en coin, tout en esquissant un léger sourire amplit de malice.

"Je le sais bien Karl...
Et c'est peut être justement ce que je souhaite. Douterais-tu de mon pouvoir de persuasion?"

L'homme secoua la tête à la négative, pour marquer qu'il ne doutait pas des compétences de sa supérieure, avant d'ajouter :

"Non, non! Je ne doute point de vous...
Mais je ne suis pas rassuré à l'idée de voir débarquer la famille Jones au sein du musée de Bode..."

Au cours d'un instant, Eva parut absente, contemplant le ciselement parfait de la ligne de ses ongles. Puis elle renchérit sur un ton glacial.

"Laissons les loups entrer dans la bergerie, pour mieux les apprivoiser...
Je ne connais pas l'état d'avancement des recherches de la famille Jones sur ce mystère de la Sainte Croix, et je suis de celle qui pense qu'il est préférable de connaitre leurs véritables intentions plutôt que de s'acharner dans une lutte à distance dont nous ne connaissons pas l'issu final. Pour cela nous nous devons de leurs ouvrir les portes de notre maison et de nous montrer aimable. Car derrière un sourire peut se cacher une arme bien plus dangereuse et efficace qu'une balle de révolver. Laissez moi faire, Karl. Je contrôle tout et rien ne peut résister à ma volonté, même pas les Jones...!"

Eva descendit avec précaution les marches de sa demeure, avant de se retourner une ultime fois vers son second, le dénommé Karl Stern. Elle lui adressa l'un de ses plus beaux sourire avant d'ajouter...

"N'oubliez pas une chose, Karl. Ce grabataire d'Henry Jones et mon stupide défunt de mari étaient liés par une amitiés sans faille. Il sera facile de jouer la dessus. De plus nous avons besoin de leur compétence en matière de traduction. Car que je le sache, ni vous ni moi sommes capables de déchiffrer cette maudite tablette...
Utilisons leurs compétences, ils nous montrerons le chemin et nous n'aurons plus qu'à nous baisser pour récupérer ce qui nous est dû...
Il y a énormement d'argent à la clef, Karl. Enormément d'argent! C'est pourquoi je vais les ramener au musée de Bode..."

Elle fit un vaste signe de la main en guise d'au revoir et indiqua à son chauffeur de démarrer...

"Conduisez moi à l'aéroport! J'ai un avion à prendre pour New-York."

Par un étrange hasard et le signe d'un Berlin américanisé, la chanson de Frank Sinatra "New-York, New-York" jaillit des ondes du poste radio de la Rolls, au moment ou la voiture commença à dépasser les clotures de la propriété d'Offenheim...

[Prochain Rp : à New-York]