- ... et ainsi, nous nous sommes dit que ce serait là une excellente opportunité pour elle comme pour vous.

Madeleine se reconcentra, elle avait un instant détourné son attention du secrétaire du bureau de la vie étudiante. Quelques fractions de secondes ne l'avaient pas empêché de comprendre où il voulait en venir toutefois. Il lui avait exposé le système de parrainage mis en place par l'université, et encourageant les parrainages d'étudiants de premier cycle par des étudiants plus agés, souvent doctorants ou en master, surtout lorsqu'ils étaient des étudiants d'origine étrangère. Parrain et parrainé étaient choisis en fonction de leurs nationalité commune, de manière à garder un contact avec sa culture d'origine, et ainsi, faire entrer l'étudiant qui venait d'intégrer NYU dans le milieu étudiant plus aisément, favoriser son insertion sociale en quelque sorte.
Il venait ainsi de lui proposer de parrainer une jeune étudiante. Angélique De Larche, étudiante en civilisation antique. D'origine française.
Mais Madeleine se posait toutefois une question, un peu perplexe. Comme d'habitude en fait. Son statut un peu particulier, puisqu'elle était étudiante, doctorante même, d'un coté, et assurait quelques cours de l'autre, entrainait parfois des conflits d’intérêt.

- Bien sur, ce sera un vrai plaisir, mais n'est-ce pas en contradiction avec le fait que je pourrais retrouver cette élève en cours ?
- Un peu, mais nous n'avons pas des masses d'étudiants français et vous partagez le même champs d'étude. Pour n'importe quelle autre, je n'aurais pas forcément reconduit le parrainage, mais il me semble qu'elle pourrait apprécier un peu de compagnie, et quelqu'un de mature. Et puis, vous êtes assez professionelle

Madeleine feuilleta une nouvelle fois le dossier d'Angélique De Larche. Il avait probablement raison, la jeune fille devait certainement ne pas avoir beaucoup d'amis. Atteinte d'albinisme bien qu'elle devait le cacher, il ne devait guère être aisé de se faire des amis lorsqu'il faut éviter la lumière du soleil. Surtout qu'elle devait par son apparence être sans arrêt regardée, et ce genre de situation n'était pas plaisant.
Et Madeleine elle même aurait eu besoin de gens avec qui traîner. Le docteur Wayne qui supervisait son doctorat était certainement la personne la plus proche de Madeleine, et c'était d'ailleurs sans nul doute lui qui avait suggéré le nom de Madeleine pour parrainer un étudiant.
C'est vrai que ces dernières années, Madeleine les avait passé à travailler nuit et jour, entre petits boulots pour ajouter un petit pécule à sa bourse d'étude et son travail de recherche pour son doctorat. Personne ne pouvait rien trouver à redire, elle voulait réussir. Mais maintenant que sa thèse en était à la dernière phase, elle pouvait s'accorder un peu de repos, et tout le monde s'accordait sur le fait que sortir un peu et profiter ne lui ferait aucun mal. Surtout que ces derniers temps, la France lui manquait beaucoup, comme ses parents. Une telle nostalgie, elle en avait connu, et bien souvent. Elle avait appris à se détacher de ses parents, comme tous les enfants qui grandissent. Mais les lettres du bout du monde ne remplissaient pas le vide. Et se plonger à cœur perdu dans son travail la gardait occupée pour ne pas y penser.
Et puis, elle n'était pas venue à New York pour s'amuser de toute façon. Bien qu'elle en ait bien le droit à présent.

- Et bien... Je suppose que je serais ravie de rencontrer Angélique. Pratiquer mon français me fera du bien, et je suppose qu'elle en sera contente de même.
- Bien, si l'affaire est réglée, je l'en tiendrais informée. Si elle est toujours d'accord, elle finit ses cours à 14h, vous n'aurez qu'à vous y présenter. Je suppose que vous la reconnaitrez sans mal...

Le lendemain, Madeleine était donc arrivée à la fin des cours de 14h, et avait attendu patiemment la fin d'un cours d'épigraphie grecque, jusqu'à ce qu'elle voit enfin celle qu'elle attendait sortir de cours. En effet, difficile de la manquer. Pour qui n'en savait rien, il aurait été facile de se dire qu'elle était simplement excentrique à teindre ainsi ses cheveux en blancs. Mais la pâleur de sa peau n'était en rien commune. Avait-elle des problèmes à s'intégrer ? Les étudiants en archéologie n'était pas aussi bornés que d'autres peut-être, mais il était toujours difficile de se fondre dans un moule. Elle l'interpella alors, lorsque la jeune femme sortait de cours parmi les derniers élèves.

- Angélique De Larche ?

Cette journée avait mal commencé. Tout d'abord le soleil avait pointé le bout de son nez alors qu'en début de matinée le ciel était plombé par de lourd nuages de pluie. Tous le monde s'en réjouissait bien-sur, sauf elle. Encore heureux qu'elle ne sort jamais sans son ombrelle et sa crème. Mais ça voulait quand même dire quelque chose, obligée de rester sur le site de l'Université jusqu'à la tombée de la nuit. Qu'elle poisse. Elle allait encore passer des heures à la bibliothèque.
Après il y avait eu le secrétariat, elle qui a toujours haït la paperasse et les secrétaires. Elle avait dû attendre pendant plus d'une heure dans le couloir, tout ça pour lui dire qu'elle avait un nouveau parrain. Et ça il pouvait pas le dire par courrier non? Fallait qu'elle se déplace jusqu'au bureau du quatrième étage, avec l’ascenseur en panne.
Ensuite il y avait eu les cours, allez savoir pourquoi le professeur de textes sur l'Âge d'Or était de mauvais poil, ambiance de fou en classe, et contrôle surprise sur un texte politico-mythologique.
Pour finir ce fut la professeur d'épigraphie grecque qui parla de son voyage sur le site de Megara Hyblaea pendant les deux heures de cours au lieu de faire son cours. Il y a des jours où l'on ferait mieux de rester coucher.

- ...par des colons doriens venus de Mégare... Oh il est déjà l'heure, oh eh bien la semaine prochaine pensez à prendre les dictionnaire, ce sera examen d'entrainement!

*Sans déconner.... C'est une belle journée~*

Elle fit mine de mettre un gun sur sa tempe avec ses doigts et de se tirer une balle dans la tête. De toute façon elle était toujours au fond, bien dans un coin, oubliée, alors elle ne la voyait pas. Elle prit sa gameboy, elle l'alluma munie de sa puissante cartouche de pokemon rouge et se plongea dedans en prenant son sac.

- Ah Miss De Larche! Attendez deux secondes!

Elle soupira longuement intérieurement, cette maudite journée n'allait donc jamais finir? Elle s'avança jusqu'au bureau et regarda la prof avec un air encore plus vide que celui d'une huitre.

- Vous savez, je ne sais pas si votre look est bien vu, je veux dire, vous faites ce que vous voulez, mais à l'Université, se déteindre les cheveux et mettre des lentilles de contact... Avec vos talons hauts et vos lunettes de soleil parfois même en cours...

Elle eu un tic nerveux de l’œil droit. Je crois que ce fut la goutte qui fit déborder le vase. Ses narines commencèrent à frémir et plus la prof débitait ses conneries plus la colère montait. Qui dit colère, dit émotion, qui dit émotion... Une goutte de sang tomba sur le bureau de la prof et Angélique baissa les yeux vers celle-ci. Elle était purement blasée et sur le point d'exploser à la fois. Tandis que la prof commençait à s’affoler, elle prit un mouchoir et le mit dans son nez. Elle la regarda avec un sourie crispé.

- Si vous voulez bien m'excuser, j'ai à faire.

Elle tourna fièrement les talons, ignorant les paroles de la prof, sa gameboy dans les mains, et son mouchoir dans la narine.
A son nom, elle se tourna vers la jeune femme, l'air complétement blasé avec ses faux yeux bleus.

- C'est moi...

- C'est moi...

Au ton de voix, la jeune femme avait l'air lasse et agacée à la fois. * Hmm, peut-être pas le moment idéal...*

- Je suis Madeleine O'Seamus, on m'a... je suis votre nouvelle marraine.

Madeleine fronça les sourcils et s'interrompit là. La jeune femme qui s'était tournée vers elle semblait saigner du nez, et l'air faible. Bien que ce dernier point pouvait venir du fait qu'elle soit en train de saigner de manière impressionnante, ou de la carnation particulière de sa peau. Pourtant, malgré son albinisme, elle était vraiment mignonne, pensa-t-elle d'emblée. Sa peau translucide, les traits réguliers de son visage, avec encore un petit quelque chose d'enfantin. Comment ne pouvait-on s'attacher à une jeune fille au visage aussi innocent ? D'un air inquiet, elle posa sa main sur son épaule

- Vous vous sentez bien ?

Elle commençait déjà par être inquiète. Et soudainement, la demande du secrétaire lui parut bien plus sensée. Elle regardait la jeune femme et plus elle la regardait, plus elle comprenait qu'elle ne devait pas avoir des journées facile.
Et en parallèle, elle réalisait à quel point sa vie avait été simple et d'une facilité déconcertante. Elle était en bonne santé, même pas une allergie pour l'embêter. La jeune femme devait, elle, se battre contre sa maladie. Et en plus, au vu de la console qu'elle tenait en main, la façon dont elle s'habillait, et foule d'autres détails, elle ne devait guère attirer les gens à elle. Madeleine n'imaginait même pas à quel point elle devait se sentir seule. Mise à l'écart. Personne n'avait prêté attention à elle à la fin du cours.
Et pourtant, ce n'était pas de la pitié qu'elle éprouvait. Non, mais un élan de compassion. Et elle se rendait compte à quel point elle même était restée en marge. Mais cela allait changer. Et peut-être aujourd'hui. Madeleine voulait l'aider. Non, Madeleine voulait faire plus que ça. S'en faire une amie. Elle avait une vingtaine d'année, et elle avait peut-être 6 à 8 ans de plus... Cela n'était pas si démesuré. Et puis, elles avaient beaucoup en commun au premier coup d’œil. Atypique chacune à leurs façons, ne se mélangeant pas vraiment...

Était-ce un besoin subite, une prise de conscience comme quoi en 3 ans elle n'avais noué vraiment de lien avec presque personne ? Ou était-ce juste que la jeune femme l'attendrissait, comme l'aurait fait une petite soeur. Madeleine avait toujours rêvé d'une soeur, quelqu'un avec qui tout partager. Son enfance bringuebalée un peu partout ne l'avait pas aidé à se faire beaucoup d'amis. Elle rêvait alors d'une soeur qui l'accompagnerait partout, et d'une telle relation. Et si elle n'était pas convaincue que la jeune femme voudrait bien d'elle, elle avait bien l'intention de faire tout son possible pour remplir au mieux sa mission de marraine.

Ah. La fameuse, c'était donc une femme. Pas si mal, elle avait toujours eu beaucoup de mal avec les hommes. En tant qu'ami tout allait bien, enfin pour le peut qu'elle avait eu...Mais quand ça commençait à être de la drague ou autre, elle avait une seule envie, fuir, loin, très loin. Elle eu un soupire intérieur de soulagement. Elle était jeune, elle était belle, et elle avait l'air douce et attentionnée. La peau légèrement bronzée, ça devait être une femme de terrain, quelle chance...
Elle prit sur elle en se disant que l'orage était peut être enfin terminé et que cette journée n'allait peut être pas se finir si mal.
Elle lui accorda un sourire polis et rassuré. Oubliant qu'elle avait toujours son mouchoir dans la narine qui était imbibé de son sang, bien rouge foncé.

- Call me Angeal, everyone does....

Elle remarqua le regard presque appeuré de la jeune femme et baisse les yeux vers son mouchoir.
*Ah oui tiens...j'avais zapé ce détail...*
Elle soupira longuement et essuya le reste de sang de son nez qui avait finis de couler. Elle jeta le mouchoir dans une poubelle qui trainait, puis regarda la jeune femme en lavant ses mains avec du gel désinfectant.

- Je vais bien merci, ne vous en faites pas, seulement une mauvaise journée comme il peut y en avoir parfois. Ça m'arrive souvent quand il fait trop chaud ou que je m'énerve.

Ah son accent français. Elle avait beau essayer de le cacher derrière un accent moitié anglais moitié Irlandais, oui oui, un étrange mélange, et pourtant... Enfin son accent français finissait toujours par refaire surface, à son grand désespoir.

- Si vous avez été choisis pour être ma Marraine vous avez dû lire mon dossier, alors je ne vous apprend rien sur ma déficience génétique. Ça atteint aussi le sang, rien de grave il faut juste surveiller... De là d'où vient mes...

Elle montra son nez et soupira longuement d'un air fatigué, surtout de ça journée plus qu'autre chose. Elle leva un sourcil en la regardant.

- Ça vous dirait d'aller ailleurs, surtout avant que la prof à l'intérieur ne me remette le grappin dessus, il y en a qui se permettent des réflexions sans connaitre la vérité... J'en oublis mes politesses...

Elle éteignit sa gameboy d'un geste habitué avant de la ranger. Elle tendit la main d'un geste polis et gracieux pour la saluer et en français...

- Enchantée.

La jeune fille semblait passer Madeleine aux rayons X, ce qui la déstabilisa un instant, sans toutefois rien en laisser paraître. Après tout, c'était de bonne guerre, elle avait consulté son dossier. Pourtant, elle lui sourit, et semblait apaisée. Mais Madeleine, si elle lui sourit en retour, restait un peu sceptique sur l'état de la jeune femme.

- Je vais bien merci, ne vous en faites pas, seulement une mauvaise journée comme il peut y en avoir parfois. Ça m'arrive souvent quand il fait trop chaud ou que je m'énerve.

Madeleine nota son accent chantant qui empruntait à tant d'autre que si elle ne s'y connaissait pas, elle aurait eu du mal à identifier les marques incontestable de la nationalité de la jeune femme. Toutefois, si elle pouvait identifier sans mal la jeune femme, Angélique ne pourrait certainement deviner qu'elles partageaient la même nationalité. C'était ça d'être élevée par deux parents parlant une langue différente. Sa mère lui parlait français, et elle l'avait appris sans aucun accent, et son père lui avait appris à parler anglais... avec ses tics de prononciation. On la prenait souvent ainsi pour une étudiante irlandaise, et bien qu'elle ait tenté de se défaire de son accent, il était tellement prégnant et prononcé qu'elle avait finit par abandonner. Oh, bien sur, en cours elle faisait des efforts, ou lorsqu'elle intervenait en public. Pour le reste elle mâchonnait ses mots.

- Si vous avez été choisis pour être ma Marraine vous avez dû lire mon dossier, alors je ne vous apprend rien sur ma déficience génétique. Ça atteint aussi le sang, rien de grave il faut juste surveiller... De là d'où vient mes...

D'un geste las elle désigna son saignement de nez, et Madeleine comprit. Ça ne devait décidément pas être facile pour la jeune femme. Ne pas sortir au soleil, fuir la chaleur, éviter les excès d'humeur. Ajoutez à cela son apparence physique, la manière dont elle s'habillait... Non, vraiment, cela ne devait pas être facile tous les jours. Madeleine aurait pu se plaindre d'être toujours passée inaperçue. Mais valait mieux passer inaperçue que d'être regardée partout où vous alliez. Et encore l'époque était clémente, les jeunes s'habillaient comme ils le souhaitaient, enfin... plus ou moins. Mais passer pour une excentrique ne devait pas être facile tous les jours. Et madeleine eut un élan d'affection pour la jeune femme. Elle enviait son courage, alors qu'elle avait une maladie à surmonter. Oser se démarquer encore plus des autres nécessitait une bonne dose de courage.

- Bon, tant que vous allez bien, c'est l'important...

- Ça vous dirait d'aller ailleurs, surtout avant que la prof à l'intérieur ne me remette le grappin dessus, il y en a qui se permettent des réflexions sans connaitre la vérité... J'en oublis mes politesses...

La jeune femme éteignit d'un geste sa console et lui tendit la main, alors que Madeleine acquiesçait.

- Enchantée.
- Moi de même Angélique... Angeal. Mais venez, on va se trouver un coin tranquille

Madeleine avait répliqué dans un français parfait, prenant délicatement sa main pour la serrer, puis tournant les talons avec un geste de la main pour l'encourager à la suivre, elle traversa tout le couloir, jusqu'à se retrouver devant une salle qu'elle savait vide. ouvrant la porte, elle y rentra, et discrètement, tira un des rideaux pour que la jeune femme ne soit pas exposée à la lumière directe.

- Je suppose que vous aurez compris pourquoi on m'a spécifiquement demandé d'être votre marraine... dit-elle en riant, continuant à s'adresser à elle en français. Mais parlez moi un peu de vous... Enfin, si vous êtes d'accord, j'aimerais qu'on se tutoie. On m'a demandé d'être votre marraine, mais honnêtement... J'aimerais que l'on parle comme deux amies. Et cela me fait tellement plaisir de pouvoir de nouveau parler français avec quelqu'un, et je me suis dit que cela vous ferais plaisir aussi, surtout si la France vous manque autant qu'à moi...

Madeleine lui sourit pour la mettre à l'aise, s'appuyant à un bureau, passant une main dans ses cheveux. Elle parlait trop, ce n'était pas d'elle, et elle mettait sans doute mal à l'aise la jeune femme...

Elle suivit Madeleine d'un air rassuré. Enfin, sortir de ce couloir, des cours, de cette journée, Ah! Finis. Elle entra dans la salle et ferma la porte derrière elle, soupirant de liberté. Elle lui adressa un sourire satisfait et rassuré. Ah elle était française, c'est vrai que ça faisait du bien d'entendre à nouveau sa langue en dehors de sa famille bien-sur. Elle parlait un anglais pratiquement comme une deuxième langue maternelle mais c'est vrai que la plupart du temps toutes les idées, les images, les expressions, lui venaient toujours en français. Ça reposait un peu son cerveau en ébullition.

- Ça fait plaisir de pouvoir parler français en dehors de chez mes parents. J'veux dire, ça reste du français mais...c'est pas pareil, le contexte tout ça. Elle lui accorda un sourire simple mais sincère. Ça me ferait plaisir oui d'être un peu plus.. que... "Si jamais vous avez une question et des problèmes dans vos études envoyez moi un mail". Enfin, j'aurai eu du mal à rester dans un objectif purement euh... pédagogique avec quelqu'un d'aussi jeune, c'est difficile quand on fait parti d'une même génération.

Elle eu un petit levé de sourcil à propos de la France en elle-même. Si elle lui manquait, c'était difficile à dire, ça faisait un moment qu'elle était en Amérique. Et à part sa famille avec qui elle communiquait par skype et par lettres, elle n'avait rien là bas. Rien d'autre que le souvenir des gens qui se riaient d'elle et de l'égalité et fraternité illusoire. Quel pays hypocrite... Non franchement cet endroit ne lui manquait pas, mais ce n'était pas une comparaison avec les States, en fait ça lui était égale, un endroit ou bien un autre, quelle importance, les gens semblaient les mêmes à quelques détails près. Alors bon. Elle y était indifférente.

- La France, mh... La dernière fois que j'y suis retourné c'est il y a deux ans, l'été pour aller voir ma famille. A part ça... La nourriture me manque, ça c'est un fait, mais je n'ai pas vraiment eu d'attache là bas si vous voyez ce que je veux dire. Mon apparence pour le moins singulière fait que les gens me mettent facilement de coté, et les enfants ont tendance à être bien plus cruels que les adultes. Ou du moins, eux ils le font de face. Alors la France ne me manque pas vraiment désolé...

Elle se masse la nuque d'un air gêné puis tira une chaise pour s'y assoir. Elle se gratta la tempe du bout de son ongle long en reflechissant.

- Vous parler de moi? Eh bien euh... je ne sais pas vraiment quoi vous dire...

C'est vrai ça, on sait à peu près ce qu'on est et ce qu'on vaut, quoique... Mais aller expliquer qui vous êtes et ce que vous êtes à une première rencontre et sans tomber dans le clicher genre description meetic. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien dire, elle avait d'une étudiante en lettre face à un problème d’algèbre. Elle envoya ses cheveux en arrière en se léchant les lèvres instinctivement, dans une moue concentrée. Et puis en général on ne parle pas vraiment de sois, ça fait égocentrique un peu non? Et on voit surtout ses défauts plutôt que ses qualités.

- Je euh... J'ai pas vraiment l'habitude de parler de moi... Je suis assez reculée du monde en temps normal, donc à part les formules de politesses et les discutions de fin de cours je ne suis pas...enfin vraiment habituée...

Elle soupira longuement, comme elle commençait à se mélanger et à bégayer un peu. Ça c'était ça hantise aussi, bégayer, ça lui arrivait quand on lui demandait trop de chose, qu'elle était gênée ou bien en stress, qu'elle poisse, comme si elle avait pas assez de conneries comme ça à s'occuper. Elle leva son sourcil caractéristique en la regardant.

- Si vous me parliez plutôt de vous...enfin que tu? Me parlais plutôt de toi...Madeleine. Après tout tu as lu ma fiche, toi tu connais un peu toute ma vie, moi non, c'est un peu de la triche.

Elle lui adressa un sourire joueur en finissant de ranger ses affaires, comme elle était partie un eu vite de la salle. C'était bien plus intéressant d'entendre l'histoire de celle qui allait suivre son parcours plutôt que la pauvre vie d'une pauvre fille rebut de la société. Dans sa tête ça faisait un peu œuvre pathétique écrite vite fait, le genre de bouquin qu'on lit dans le train et qu'on oublie dans un coin au fond de l'armoire après ça.

- Ça fait plaisir de pouvoir parler français en dehors de chez mes parents. J'veux dire, ça reste du français mais...c'est pas pareil, le contexte tout ça. Ça me ferait plaisir oui d'être un peu plus.. que... "Si jamais vous avez une question et des problèmes dans vos études envoyez moi un mail". Enfin, j'aurai eu du mal à rester dans un objectif purement euh... pédagogique avec quelqu'un d'aussi jeune, c'est difficile quand on fait parti d'une même génération.

- Oui, vous avez raison. Et puis, on aurait l'âge d'être soeur, pas mère et fille ! Et si c'était pour me borner à n'être qu'une boite mail, je n'aurais pas accepté. Je crois que tu vas m'avoir sur le dos quelques temps...

Madeleine ne pouvait qu’acquiescer à ses propos. Elle avait bien essayé quand à elle d'aller passer quelques heures à la Maison de la France, mais des conversations toutes faites ce n'était pas pour elle. Elle avait encore plus l'impression d'être une étrangère. Mais Angélique ne semblait pas partager sa nostalgie de la France. Et Madeleine pouvait comprendre pourquoi. Là bas, peut-être plus qu'ici, elle devait vivre la même chose : les gens qui vous regardent en coin, l'incompréhension et la bêtise. Sauf qu'elle devait être plus jeune, et qu'elle avait certainement essuyé bien des moqueries de la part des personnes de son âge.

- La France, mh... La dernière fois que j'y suis retourné c'est il y a deux ans, l'été pour aller voir ma famille. A part ça... La nourriture me manque, ça c'est un fait, mais je n'ai pas vraiment eu d'attache là bas si vous voyez ce que je veux dire. Mon apparence pour le moins singulière fait que les gens me mettent facilement de coté, et les enfants ont tendance à être bien plus cruels que les adultes. Ou du moins, eux ils le font de face. Alors la France ne me manque pas vraiment désolé...

Bingo, cela n'avait guère étonné Madeleine, elle s'y attendait. Les enfants peuvent parfois être d'une cruauté sans pareille... Angélique se massait la nuque d'un air gêné avant de tirer une chaise pour s'y asseoir, semblant se mettre à réfléchir intensément. Madeleine ne la quittait pas des yeux, et lui sourit, l'encourageant à continuer, et lui signifiant qu'elle comprenait bien son point de vue.

- Vous parler de moi? Eh bien euh... je ne sais pas vraiment quoi vous dire...

C'est vrai ça, on sait à peu près ce qu'on est et ce qu'on vaut, quoique... Mais aller expliquer qui vous êtes et ce que vous êtes à une première rencontre et sans tomber dans le clicher genre description meetic. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien dire, elle avait d'une étudiante en lettre face à un problème d’algèbre. Elle envoya ses cheveux en arrière en se léchant les lèvres instinctivement, dans une moue concentrée. Et puis en général on ne parle pas vraiment de sois, ça fait égocentrique un peu non? Et on voit surtout ses défauts plutôt que ses qualités.

- Je euh... J'ai pas vraiment l'habitude de parler de moi... Je suis assez reculée du monde en temps normal, donc à part les formules de politesses et les discussions de fin de cours je ne suis pas...enfin vraiment habituée... Si vous me parliez plutôt de vous...enfin que tu? Me parlais plutôt de toi...Madeleine. Après tout tu as lu ma fiche, toi tu connais un peu toute ma vie, moi non, c'est un peu de la triche.

Elle lui adressa un sourire joueur en finissant de ranger ses affaires, et Madeleine rit un instant. La jeune femme avait tapé juste. Toutefois, si son dossier lui avait appris le genre d'études qu'elle menait, il ne lui avait pas appris qui elle était, et qui elle voulait être. Et c'est ce qui intéressait Madeleine. Mais elle pouvait constater à ses propres mots que la jeune fille était bien comme elle l'imaginait. Nerveuse, restant à l'écart, sans se mélanger.
Intérieurement, elle maudit le Docteur Wayne. C'est lui qui était derrière tout ça, cela ne faisait aucun doute. Il n'y avait que lui pour être aussi perspicace et trouver un moyen de pousser la jeune femme à avoir une vie sociale. Les deux jeunes femmes se ressemblaient dans un sens, et avaient assez de points communs pour s'entendre. La prochaine fois qu'elle le croiserait, elle lui dirait ce qu'elle pensait de ses tentatives désespérées pour la pousser a avoir une vie en dehors de son doctorat, ses cours, l'université. Et face à Angélique, que pouvait-elle faire ? La jeune femme était attendrissante, par leurs points communs, par sa maladie et le courage qu'elle avait de passer outre. Madeleine l'enviait, oui. Et tout ce qu'elle avait accompli semblaient n'être rien en comparaison.

- Mmmh, et bien, je ne sais pas trop quoi dire moi non plus, et par quoi commencer... Et si ça eut te rassurer, je n'ai pas voulu examiner ton dossier, je n'ai fais que parcourir l'essentiel, ton origine, ta section, ce qui me permettrait d'avoir la surprise de qui j'allais trouver...

Madeleine s'assit sur le bureau, croisant ses doigts sur ses genoux, avant de s'apprêter à continuer. Que pouvait-elle raconter ? le problème était bien là. Elle en aurait tellement à raconter. Elle avait eu une vie extraordinaire, entre son enfance et ses études, les voyages qu'elle avait fait. Et Madeleine réalisa qu'en fait, si elle avait réussit de ce coté là, sa vie sociale était un désert. Elle pouvait impressionner n'importe qui avec son parcours. Mais elle n'avait absolument aucune vie sociale, aucune expérience à raconter... Et elle, elle n'avait pas d'excuse, pas de maladie qui éloignait les autres d'elle. Non, elle était juste un bourreau de travail. Tellement obnubilé par sa volonté de se détacher du nom de ses parents qu'elle en oubliait parfois de vivre.

- Mes parents sont tous les deux archéologues, je suppose que je suis tombée là dedans quand j'étais petite. J'ai plus ou moins grandit dans des chantiers en fait. Ma mère était française, et mon père américain. Enfin, ça ne l'empêchait pas d'avoir un sacré accent irlandais. Je n'ai vraiment connu la France que... Madeleine compta sur ses doigts, l'air distrait, Quatre ans. J'y ai fini mon lycée, et j'ai passé ma licence à l'Ecole du Louvres. Ensuite, j'ai pas mal bougé, j'ai eu la chance de pouvoir aller à l'Ecole d'Athènes puis à l'école de Rome. Et puis, on m'a proposé une bourse pour faire mon doctorat ici, et j'ai accepté. Ca fait trois ans, bientôt quatre que je suis dessus. Et si tout se passe bien, j'aurais mon doctorat d'ici 3 à 4 mois...

Madeleine soupira, et essaya de changer de sujet. Qu'est-ce qui lui manquait le plus ? Ses parents sans nul doute. Les appels se faisaient rares selon leurs chantiers, et les lettres comblaient mal le vide. Bien sur, elle s'était habituée, depuis presque 10 ans qu'elle les avait quitté...

- Mais c'est vrai que ce qui me manque le plus c'est bien la cuisine... Les desserts, les biscuits, les petits plats... Manger au restaurant ici et là bas, cela n'a rien à voir. D'ailleurs, ici, il vaut mieux ne pas manger américain lorsque l'on sort... J'ai dut plus souvent manger italien ici que lors de mon séjour à Rome !

Elle lui souriant amicalement. Elle c'était détendue, c'était plaisant de parler avec quelqu'un qui nageait entre deux eaux, moitié prof, moitié élève, ça permet d'avoir un pied dans les deux mondes, mais ça ne devait pas être facile tous les jours de savoir marier les deux, elle ne se sentait pas prise entre deux feux? Elle n'aurait pas pu, déjà qu'une seule responsabilité c'était des fois intenable? Alors avoir deux status à la fois... Elle était vraiment courageuse et organisée. Elle soupira un instant en regardant la jeune femme parler, non pas de lassitude, mais avec un peu d'envie, elle était belle, intelligente, elle allait bientôt avoir son doctorat, sa peau légèrement bronzée, ses cheveux châtain, ses beaux yeux... Elle se sentait moindres à coté. Elle aurait voulu lui ressembler, normal et à la fois hors du commun, pas une bête de foire qu'on regarde de travers comme elle. Cruelle destinée. Le sort jouait souvent des tours odieux comme celui-ci. Mais en quoi devait-elle se plaindre? Elle marchait, elle sentait, elle entendait, elle voyait à peu près correctement.

"J'ai dut plus souvent manger italien ici que lors de mon séjour à Rome !"

Elle se mit à rire de son délicat rire cristallin. Ah la bouffe des ricains, elle avait bien de la chance de savoir cuisiner grâce à ses parents, bon les "matières premières" n'étaient pas aussi fraiche et bonne qu'en France mais bon, son père avait réussis coute que coute à faire un jardin potager et fruitier, parce que son père, c'était un sur-homme.

- La bouffe ici est juste immonde, j'aurai pu m'y habituer si mes parents n'avaient pas la bonne idée de revenir en France et de ramener des produits français, du coup moi j'vois la différence, et là, c'est le drame. Elle rit de nouveau. Mais si jamais la cuisine française vous manque, je sais cuisiner, mon père a un potager même si cela reste moindre par rapport à la qualité de France... Si un midi ou un soir vous désirez passer, j'ai mon appartement, pas bien grand hein mais bon... C'est pas comme si j'attendais du monde.

Elle sourit en coin d'un air malicieux. C'est vrai qu'elle se connaissaient pas mais si elle était sa marraine, et qu'elle voulait devenir plus qu'une simple aide pédagogique, pourquoi pas commencer par l'inviter. Elle s'étonna d'avoir fais le premier pas, c'était pas du tout son genre, mais la jeune femme lui inspirait confiance et son charme n'y était pas pour rien. On a toujours envie d'inviter une belle femme à dîner chez sois non?! Elle croisa les bras sur le bureau et posa son menton sur ceux-là. Elle lui avait raconté un peu sa vie en donnant un model, c'était tout naturel que ça soit son tour non?

- Une vie sans cesse en mouvement, j'aimerai bien participer à des fouilles, mais le médecin me le déconseil vivement. Mais je me dis qu'en s'organisant comme il faut, ombrelle, crème solaire, et dans un chantier où il y a des chance qu'il ne fasse pas beau, je pourrai y aller. J'aime bien m'habiller comme vous le voyez, mais j'ai envie de mettre les mains dans la boue un peu! La théorie la théorie... J'aimerai du terrain aussi.

Elle fit une moue boudeuse. Elle semblait plus forte qu'elle paraissait au premier abord. Une force que sa mère lui avait passé, la force de continuer, de s'accrocher, et de dire merde aux ennuis. Si elle n'avait pas eu ça, elle aurait certainement finis par se pendre, ou tout du moins, lorsqu'elle était encore en primaire-collége. Ce fut les pires années. Un cauchemar en suspend dans sa mémoire comme une montre à gousset qui ne cesse de se balancer depuis sa chaine, vous rappelant sans cesse l'heure, sa montre à gousset c'était sa différence et sa "monstruosité".
*Tic...tac...*
L'oublie semblait parfois envoutant mais elle ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui sans son vécu.

- Mon père est maître pâtissier français, ce qui nous permet d'avoir un bien meilleur salaire ici qu'en France, les ricains s'arrachent les french pâtisseries et ma mère prof de français au Marshall College. Alors parfois j'en profite pour emprunter des bouquins là bas. On a une bien meilleure vie ici qu'en France, ça a permis à mes parents de me payer les études que je voulais... Ils ont fait tout ça en grande partie pour moi, je ne sais même pas si un jour je pourrai leur rendre la monnaie de leur pièce...

Elle laisse tomber sa tête sur le coté en regarde Madeleine de coin, comme elle le faisait toujours car elle n'arrivait pas à soutenir le regard de face des gens. Comme l’animal craintif qu'elle était.

- Je vais devenir prof de langues anciennes et faire des traductions, grâce à eux.

Ce n'étais pas du conditionnel, c'était un fait. Elle était sur d'elle, elle savait ce qu'elle voulait et elle voulait l'obtenir. Les obstacle de la vie ont ça de bien qu'ils vous forgent un caractère et une personnalité définie. Non pas un moule comme tous les autres qui avancent telle une masse informe, indissociable les uns des autres. En fin de compte elle n'enviait pas ces gens là, elle préférait mille fois marcher à coté de la route pré-tracée et être quelqu'un d'unique que se perde dans le flot de similitude.

Madeleine souriait à l'entendre rire, rassurée. Le courant passait bien entre elles. Détendues, elles parlaient comme si elles se connaissaient, sans retenue, sans arrière pensée, sans souci de paraître. C'était reposant. Et parler en français était la cerise sur le gâteau, sans aucun doute.

- La bouffe ici est juste immonde, j'aurai pu m'y habituer si mes parents n'avaient pas la bonne idée de revenir en France et de ramener des produits français, du coup moi j'vois la différence, et là, c'est le drame. Mais si jamais la cuisine française vous manque, je sais cuisiner, mon père a un potager même si cela reste moindre par rapport à la qualité de France... Si un midi ou un soir vous désirez passer, j'ai mon appartement, pas bien grand hein mais bon... C'est pas comme si j'attendais du monde.

Madeleine éclata de rire, et le sourire d'Angélique lui mit du baume au cœur. C'en était décidé alors ? Madeleine était réellement heureuse de voir qu'Angélique lui laissait entrer dans son cercle, et non en tant que marraine, mais visiblement, voulant s'en faire une amie. Et au final, se confier l'une à l'autre ne semblait pas si compliqué que Madeleine aurait pu le craindre. Et Angélique se montrait si ouverte et avenante que cela faisait chaud au cœur.

- J'en serais vraiment ravie, je dois dire que je fais honte à mes origines et je ne suis qu'une bien piètre cuisinière !

- Une vie sans cesse en mouvement, j'aimerai bien participer à des fouilles, mais le médecin me le déconseille vivement. Mais je me dis qu'en s'organisant comme il faut, ombrelle, crème solaire, et dans un chantier où il y a des chance qu'il ne fasse pas beau, je pourrai y aller. J'aime bien m'habiller comme vous le voyez, mais j'ai envie de mettre les mains dans la boue un peu! La théorie la théorie... J'aimerai du terrain aussi.

Madeleine prit un air songeur. Elle ne connaissait pas grand chose à sa maladie, mais des aménagements auraient surement été possibles. Tendre une toile de tente, sélectionner les emplacements à l'ombre s'il y en avait... Mais Madeleine était surtout soufflée. Elle n'aurait pas imaginé qu'elle ait eu envie d'aller sur le terrain avec de tels "handicaps". Elle était vraiment très courageuse, et qu'elle veuille surmonter ainsi sa maladie... Madeleine se dit qu'elle se devait de l'aider.
Les confessions de Madeleine avaient visiblement mis la jeune femme assez à l'aise pour qu'elle se livre aussi, et Madeleine l'écoutait posément, souriante.

- Je te comprends... Mais il doit y avoir des solutions, j'en suis sure. C'est vrai que le terrain, ce n'est pas facile. Dix heures par jour à trimer, c'est un travail ingrat, sale et épuisant. Surtout quand tu dors sous une tente et que tu te laves dans un bac.

C'est vrai que pour avoir fait des centaines de chantiers Madeleine savait ce que c'était. La plupart des étudiants abandonnaient après leur premier chantier, ou se redirigeaient. Mais elle devait y réfléchir, elle était sure de pouvoir trouver quelque chose pour Angélique.

- Mon père est maître pâtissier français, ce qui nous permet d'avoir un bien meilleur salaire ici qu'en France, les ricains s'arrachent les french pâtisseries et ma mère prof de français au Marshall College. Alors parfois j'en profite pour emprunter des bouquins là bas. On a une bien meilleure vie ici qu'en France, ça a permis à mes parents de me payer les études que je voulais... Ils ont fait tout ça en grande partie pour moi, je ne sais même pas si un jour je pourrai leur rendre la monnaie de leur pièce...
Je vais devenir prof de langues anciennes et faire des traductions, grâce à eux.

Encore une fois, Madeleine restait scotchée. Elle savait où elle allait, elle avait un but. Elle en restait sidéré et admirative. A sa place, elle se serait cachée dans un trou sombre plutôt que de relever la tête et se battre comme elle le faisait. Mais pas elle. Elle savait où elle allait, elle avait un but, et de l'ambition. Et quoi qu'on puisse dire, il en fallait une sacré dose pour s'accrocher et pouvoir espérer réussir. Madeleine aurait pu dire dès qu'elle l'avait rencontré qu'elle était quelqu'un d'original, qui n'avait pas honte et qui ne voulait rentrer dans le moule. Mais elle n'aurait pas pu voir à quel point la jeune femme en voulait

- Si c'est ce que tu veux faire, je n'ai aucun doutes, tu réussiras. Tu sais pourquoi tu es là et où tu vas, c'est le plus important. Et ne laisse personne te dire que ce n'est pas pour toi, que tu ne peux pas faire ceci ou cela. Même avec ta maladie.

Madeleine en était persuadée, li y avait une solution. Peut-être pourrait-elle en toucher deux mots à sa mère, d'ailleurs, si elle prenait une étudiante pour l'aider dans ses traductions, cela la déchargerait peut-être. Et Angélique pourrait fouiller dans des plages horaires spéciales avant qu'il n'y ait trop de soleil, sous bâche, et retourner traduire lorsque le temps ne le permettait plus sans danger pour la jeune fille.